Affaire Raissouni : Sa défense qualifie son procès de « nul et inéquitable »

Le 9 juillet dernier, Souleimane Raissouni,  journaliste et rédacteur en chef du quotidien qui a cessé de paraître, »Akhbar Al Yaoum« , a été condamné à 5 ans de prison ferme et 100.000 dhs de dédommagement au profit du plaignant, pour viol et séquestration contre un individu de la communauté LGBT. 

Pour sa famille, ses soutiens ou encore les militants des droits de l’Homme, sa condamnation est une « mascarade » et une « honte » pour le pays alors qu’ils appelaient depuis le tout début à « un procès équitable« . Pour eux, ce n’est autre qu’un « procès politique » contre une plume marocaine libre.

Alors que les audiences du procès de Souleimane Raissouni, en grève de la faim depuis plus de 3 mois pour protester justement contre cette « injustice« , ont connu des hauts et des bats, sa défense a publié un communiqué à l’issue de sa condamnation livrant ainsi des données dévoilées pour la première fois.

Ainsi, la défense du journaliste Souleimane Raissouni, s’est dite « convaincue, notamment en se penchant sur le contenu d’articles publiés sur certains sites internet connus pour leur +obédience + à certaines parties, et avant même d’avoir écouté le plaignant, et dès qu’un post a été publié par un inconnu accusant un autre inconnu d’attentat à la pudeur, l’incident a été attribué à Souleimane, des photos ont été publiées et les spéculations sont allées bon train sur la date de son arrestation …« .

« Les raisons de l’arrestation de Raissouni sont politiques en raison des opinions exprimées dans ses écrits, notamment les éditoriaux d’Akhbar Al-Yaoum, devenus inquiétants pour certains (…) », estime la défense.

Le rapport de la PJ

Dans son communiqué, la défense de Raissouni n’y va pas de main morte. Elle n’a pas manqué, ce faisant, de revenir sur le PV de la police après l’arrestation de l’ex-rédacteur en chef d’Akhbar Al Yaoum.

« Contrairement à ce qui était faussement indiqué dans le PV de la police judiciaire, que son déplacement chez Raissouni le 22/05/2020 à 17H45 était dans le but de l’informer de sa convocation. La vérité, que tout le monde a visualisée sur la vidéo documentant le moment de son arrestation, prouve que l’affaire était liée à l’arrestation de Souleimane qui a été appréhendé par plus de 14 membres des forces de sécurité, et son transfert contre son gré au poste de police« , relève la défense.

Mais pas que ! La même source poursuit que « bien que Souleimane Raissouni, comme de nombreux citoyens l’ont vu dans la vidéo, ait été arrêté à 17H45, il est indiqué dans le PV que son placement en garde à vue n’a eu lieu qu’après 23H. De ce fait, sa détention depuis l’heure de son interpellation jusqu’au moment où il a été placé en garde à vue, est arbitraire« .

Dans une violation flagrante des dispositions de l’article 66 du code de procédure pénale, poursuit la défense, « Souleimane n’a été informé, ni au moment de son arrestation ni lors des premières minutes de son audition, des motifs de son arrestation ni des charges retenues contre lui ni sur ses droits y compris celui de garder le silence ou encore de faire appel à un avocat ».

L’arrestation de Souleimane a été fondée sur « les déclarations du plaignant, et que Souleimane a niées« , et « en l’absence de toute preuve ou du flagrant délit, et du fait que le mis en cause offrait toutes les garanties de comparution, et que le les actes qui lui sont imputés se sont produits depuis plus d’un an et demi », soutient sa défense, .

Le journaliste Souleimane Raissouni, « que ce soit lors de sa garde à vue, ou après son incarcération par le juge d’instruction, a été privé pendant plus de quinze jours de son droit de s’adresser à un avocat« , fait valoir sa défense, notant que « la période de l’enquête a duré près de neuf mois, soit du 22/05/2020, date de son interpellation, à la date de renvoi de l’affaire devant la cour d’appel de Casablanca le 09/02/2021« .

Dans ce sens, la défense du journaliste rappelle que « toutes les demandes de Souleimane qui ont été soumises par le biais de sa défense ont été rejetées, notamment la demande d’audition de témoins, y compris la travailleuse domestique qui, selon le plaignant, était présente à la maison au moment des faits, ou encore la demande d’inspection de la maison, dont les descriptions ne correspondent pas aux déclarations du plaignant« .

Le procès

Contrairement à ce qui a été largement diffusé sur le retard des phases du procès de Raissouni, sa défense souligne qu’elle n’était pas responsable de ce retard, mais au contraire « elle a accompli son devoir en défendant son client en toute conscience professionnelle, fidèle à sa noble mission, conformément au serment qu’elle a prêté, et dans le plein respect des garanties d’un procès équitable, dans toutes ses phases ».

Le journaliste est en grève de la faim depuis plus de 3 mois. Son état de santé se dégrade au fil des jours, selon sa famille qui estime que le journaliste peut « mourir à n’importe quel moment en prison« . Et pourtant, « Soulaimane n’ jamais refusé d’assister à son procès« , affirme sa défense en réponse aux allégations selon lesquelles c’est lui qui retardait son procès refusant d’y assister à chaque fois jusqu’au moment où « son état de santé s’est détérioré en raison de sa grève de la faim« .

Il a pourtant « demandé à être autorisé à comparaitre devant le tribunal en fauteuil roulant ou être transporté au tribunal en ambulance, ce qui n’est pas rédhibitoire mais plutôt normal« , avance sa défense. Une demande, dit-elle, qui a été rejeté, d’où son « insistance sur son droit d’assister à son procès. Il a exprimé sa volonté de le faire et s’est même habillé et préparé pour, mais il a finalement été laissé dans sa cellule« .

Un procès nul et inéquitable

Pour conclure, la défense de Souleimane Raissouni a considéré que le procès de son client est  » nul et inéquitable  » exigeant ainsi sa libération pour « sauver sa vie d’une mort certaine qui le guette, et son transfert immédiat à l’hôpital afin de bénéficier des soins nécessaires« , renouvelant par la même occasion sa demande pour qu’il mette fin à sa grève de la faim.

Affaire Raissouni : Sa défense qualifie son procès de « nul et inéquitable » Hespress Français.

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