
Retard dans la vaccination infantile : L’OMS et l’UNICEF tirent la sonnette d’alarme
Le « retard dangereux » pris dans la vaccination infantile contre des maladies graves comme la rougeole, dans certaines parties du globe du fait de la pandémie a été soulevé par l’OMS et l’UNICEF.
Dans un communiqué conjoint, les deux organisations ont alerté contre cette situation notant qu’en 2020, 23 millions d’enfants sont passés à travers les mailles du filet et n’ont pas reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche ou DTP3, qui sert de mesure de référence. Il s’agit du plus grand nombre depuis 2009 et cela touche 3,7 millions d’enfants de plus qu’en 2019 précise la même source.
Mais pas que ! L’OMS et l’UNICEF poursuit que 17 millions d’enfants qui vivent pour la plupart soit dans des zones de conflit, des endroits reculés ou des bidonvilles privés d’infrastructures de santé n’ont sans doute eu aucune dose l’année dernière.
Tout en rappelant que la « pandémie a encore dégradé une situation qui était déjà mauvaise » la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore, citée par le communiqué, a insisté sur le fait que ces chiffres « sont un signal d’alarme clair, la pandémie de Covid-19 et les perturbations qu’elle a causées nous ont fait perdre un précieux terrain que nous ne pouvons nous permettre de céder et les conséquences vont se payer en morts et en perte de qualité de vie des plus vulnérables ».
Dans les détails, les deux organisations font savoir que le taux de vaccination DTP3 est resté bloqué à 86% depuis plusieurs années avant la pandémie. En 2020, il est tombé à seulement 83%. Dans le cas de la rougeole, une maladie extrêmement contagieuse nécessitant un taux de couverture vaccinale de 95% pour être bien maîtrisée, seulement 71% des enfants ont reçu la deuxième dose.
Une situation qui est également dû, selon les agences de l’ONU, à la pandémie a forcé à détourner ressources et personnels vers la lutte contre le Covid, soulignant que nombre de services de soins ont dû fermer ou réduire leurs horaires. Les gens ont aussi été réticents à se déplacer de crainte de se contaminer, quand les mesures de confinement ne le leur interdisaient pas.
Pour sa part, la directrice du département Vaccination à l’Organisation mondiale de la santé, Dr Kate O’Brien, a souligné que des enfants non protégés et une levée trop rapide des restrictions sanitaires contre le Covid-19 qui protégeaient aussi en partie de certaines maladies infantiles font déjà sentir leurs effets, avec par exemple des éruptions de rougeole au Pakistan. La responsable a alerté que ces deux facteurs combinés sont «la catastrophe absolue contre laquelle nous sonnons l’alarme maintenant parce qu’il nous faut agir de suite pour protéger ces enfants».
Les perturbations causées par la pandémie ont fortement affectée l’Asie du Sud-Est fait savoir les deux organisations. Le taux de couverture DPT3 a chuté de 91% à 85% en 2020 en Inde, qui comptait le plus grand nombre d’enfants sous-vaccinés ou pas vaccinés du tout l’année dernière à savoir 3,5 millions. Le Pakistan, l’Indonésie et les Philippines ont aussi vu le nombre d’enfants non protégés augmenter.
L’OMS et l’UNICEF notent que la région des Amériques affiche pour sa part une «tendance inquiétante à long terme» même si le déclin lié à la pandémie a été modeste (2 points de pourcentage de moins qu’en 2019). «Alimentée par le manque de financements, la désinformation sur les vaccins, l’instabilité et d’autres facteurs forment un tableau inquiétant» dans la région où «le taux de vaccination continue de chuter», soulèvent les deux agences.
De son côté, l’ONU soutient qu’il est important que la distribution des vaccins anti-Covid ne se fasse pas aux dépens des programmes de vaccination infantile. Le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a également rappelé que tandis que les « pays crient pour mettre la main sur des vaccins anti-Covid, nous avons reculé sur d’autres vaccinations, mettant les enfants en danger d’attraper des maladies graves mais évitables comme la rougeole, la polio ou la méningite», notant que «plusieurs épidémies seraient une catastrophe pour des communautés et systèmes de santé qui luttent déjà contre le Covid-19, rendant plus urgente que jamais la nécessité d’investir dans la vaccination infantile».
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