
Un rapport parlementaire ôte le voile sur le favoritisme et les passe-droits au sein ministère de la Santé
La polémique soulevée par les marchés conclus par le ministère de la Santé pendant la pandémie ne désenfle pas. Un rapport de la mission exploratoire portant sur les marchés passés par le ministère de la Santé a dévoilé le favoritisme et les passe-droits régnants ainsi que sur les violations du décret relatif à la passation des marchés publics.
La corruption règne dans le secteur de la santé. C’est devenu un secret de polichinelle depuis les limogeages en série des directeurs du médicament et de la pharmacie –chargés de délivrer les autorisations de mise sur le marché (AMM)–, notamment, Omar Bouaza (limogé en 2018 par l’ancien ministre Anas Doukali) et Jamal Taoufik limogé fin 2019 par l’actuel ministre Khalid Ait Taleb, sauf que cette fois cela a été acté par un rapport parlementaire.
En effet, la mission exploratoire chargée d’examiner les marchés passés par le département de Khalid Ait Taleb pendant la pandémie du Covid a ôté le voile sur d’innombrables dysfonctionnements et de violations du code des marchés publics. Ce qui devrait, selon ce rapport, faire l’objet d’une reddition des comptes, car il frappe de plein fouet le principe constitutionnel d’égalité des chances entre les entreprises.
Des soupçons de corruption
Le rapport a souligné que le ministère de la Santé, en violation de la loi, a passé des marchés pour l’acquisition de fournitures et de préparations médicales avec des sociétés inconnues qui n’ont pas de licences.
Le rapport a également fustigé les deux poids de mesures dans le traitement des demandes d’enregistrement des opérateurs du secteur ainsi que le non-respect des règles de la concurrence libre et loyale.
Pis, le rapport duquel le ministre n’a pas daigné de venir au parlement pour en discuter a relevé que certaines entreprises opèrent dans le domaine des médicaments et des équipements médicaux sans licences.
La mission exploratoire a, en outre, relevé que le ministère a conclu des accords en négociation directe avec 45 entreprises dépourvues des licences et des autorisations nécessaires, tandis que d’autres ont été privées des licences exceptionnelles bien qu’elles ont en fait des demandes.
Le favoritisme et les passe-droits sont légion
Ce qui, selon les rédacteurs du rapport, confirme sans équivoque le favoritisme envers certaines entreprises au détriment d’autres concernant les commandes publiques.
Le ministère a également accéléré les procédures d’autorisations exceptionnelles lors de la contractualisation avec les fournisseurs. Il a aussi eu recours à délivrance d’autorisations urgentes et dans certains cas à la délivrance d’autorisations postérieures à la conclusion des contrats avec certains fournisseurs.
Pendant ce temps une grande partie des professionnels protestaient constamment contre le gel de leurs dossiers auprès de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP), ce qui les a empêchés de participer aux appels d’offres.
Outre le favoritisme ambiant au sein du ministère et en particulier au sein de la DMP qui joue un rôle crucial dans la configuration du marché pharmaceutique, le présent rapport a pointé du doigt la conclusion d’accords par le ministère pour des fournitures médicales sans préciser les spécifications exactes et requises et sans s’arrêter sur leur efficacité, comme les caméras thermiques et les uniformes médicaux dont on ne peut savoir s’ils sont valables ou non.
Sur la longue liste des dysfonctionnements relevés par le rapport de la mission parlementaire exploratoire, difficile à cerner, il faut noter que le ministère s’est permis un dépassement injustifié des crédits financiers convenus et inclus dans son accord avec l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI). Ce qui représente une violation flagrante de ce qui est permis par le gouvernement sans compter la tromperie pour obtenir plus de fonds.
Ainsi, le favoritisme et les passe-droits régnants au sein ministère de la Santé ont été une nouvelle fois mis au grand jour en attente d’une action pour y mettre fin.
Un rapport parlementaire ôte le voile sur le favoritisme et les passe-droits au sein ministère de la Santé Hespress Français.