
Vahid Halilhodzic : Un problème de communication qui entrave la progression des Lions de l’Atlas?
Malgré deux victoires précieuses en amical face au Ghana (1-0) et au Burkina Faso (1-0), l’équipe nationale, toujours sous la houlette de Vahid Halilhodzic, n’a pas livré des prestations rassurantes avant l’entame des éliminatoires pour la Coupe du Monde 2022. Un manque de saveur dans le jeu des Lions de l’Atlas qui soulève de nombreuses interrogations … Et si le problème résidait dans un manque communication ?
Le manque d’engagement sur le terrain de la sélection marocaine va-t-il au delà du technique et du tactique? Si un manque de cohésion a été remarqué sur le terrain ces dernières rencontres amicales, qu’en est-il en dehors?
C’est un secret de polichinelle, Vahid Halilhodzic n’a pas sa langue dans sa poche en conférence de presse comme il l’a montré à de nombreuses reprises, mais comment communique-t-il avec ses joueurs?
En effet, l’équipe nationale composée en majeure partie de binationaux est un melting plot, avec à sa tête un coach franco-bosnien qui a visiblement du mal à faire passer ses messages, et ce sont ses propres joueurs qui le disent.
Lors d’un récent live Instagram entre Hakim Ziyech et Sofyan Amrabat, le joueur de Chelsea a reconnu qu’il avait très peu d’échanges avec son coach parce qu’il « ne comprend pas ce qu’il dit ».
Et si Ziyech disait vrai? Contacté par Hespress FR, le célèbre journaliste sportif italo-marocain, Lino Bacco, a également soulevé ce point de discorde qui pourrait également constituer, selon lui, un obstacle.
“Le problème de la communication persiste et certains joueurs se sont plaints de ne pas comprendre le coach et de n’avoir que très peu d’échanges avec lui. C’est quelque chose qu’on ne peut pas tolérer mais changer d’entraîneur à ce stade serait beaucoup plus compliqué”, déclare Bacco.
Pour lui, « c’est un petit peu la tour de Babel. Ce qui fait la force des équipes, si l’on prend l’exemple de l’Euro, c’est qu’ils parlent tous la même langue et ont généralement un coach national ce qui représente un avantage considérable. Si tout le monde parlait la même langue, si tout le monde se comprenait et si vous avez un entraîneur qui parle la même langue que vous, c’est vrai que ça aide ».
Les joueurs s’entendent très bien, c’est un bloc solide
Néanmoins, l’analyste sportif tient à préciser que les coachs disposent d’un traducteur et que le problème peut également venir de la traduction, si le message n’est pas bien transmis.
« Il faut voir qui traduit aussi. Il y a des coachs qui ne parlent pas la langue mais qui sont aidés par des traducteurs. Il faut bien saisir ce que veut l’entraîneur et il faut bien traduire », explique-t-il.
L’entente entre les joueurs n’a pas toujours été au beau fixe en équipe nationale, en témoigne l’affaire Abderrazak Hamdallah sous l’ère d’Hervé Renard qui avait fait état de clans entre les francophones, les joueurs néerlandais et les botolistes, entre autres.
Aujourd’hui il n’en est plus rien, selon Lino Bacco qui affirme que bien que cela ne se ressente pas sur le terrain, tous les joueurs s’entendent très bien et constituent un noyau solide, notamment avec les joueurs de Botola, longtemps considérés comme des « outsiders ».
“En revanche ce que l’on peut dire c’est qu’il y a une bonne entente entre les joueurs de Botola et les joueurs qui évoluent dans les championnats étrangers”, insiste le journaliste.
Et au-delà de la communication?
L’équipe nationale était en très bonne position après son retour de sa participation réussie à la Coupe du monde en Russie à l’été 2018, et même après avoir participé à la Coupe d’Afrique des nations 2019, dont elle a été éliminée en huitièmes de finale, tout le monde est resté optimiste quant à un avenir meilleur, surtout à la lumière de la présence d’une abondance de joueurs professionnels qui ont excellé, et ils brillent, dans de nombreux stades européens.
Mais au lieu que les Lions progressent pour le mieux, ils ont stagné, ce qui soulève beaucoup d’interrogations, de tensions et d’angoisses car l’avenir est ambigu et rien ne se profile à l’horizon qui augure que l’équipe nationale va améliorer son niveau et qu’elle est entre de bonnes mains.
Et pas une seule fois les Lions de l’Atlas, au cours des 14 matchs qu’ils ont disputés sous la direction de Halilhodzic, n’ont prouvé qu’ils étaient le plus puissants et supérieur set qu’ils avaient la capacité de remporter de belles victoires.
Le technicien bosniaque, hormis le petit succès qui n’a pas convaincu grand monde, n’a pu concocter une tactique susceptible d’aider ses poulains à développer un beau football, sinon du jeu tout court.
“On ne peut pas être satisfaits du point de vue du jeu. Cela ne va pas, pour plusieurs raisons notamment techniques et tactiques pour des considérations de bloc également”, regrette Lino Bacco.
“Ce que l’on peut reprocher à Vahid c’est que depuis qu’il est là il n’a pas travaillé sur un bloc. Il a déjà 7 ou 8 joueurs qui sont fixes mais continue de faire des changements incompréhensibles », ajoute-t-il.
Le plus dur reste à venir et Vahid devra se positionner sur un onze stable et capable d’aller au front pour les éliminatoires de Qatar 2022.
La sélection marocaine évoluera au groupe I aux côtés des équipes de Guinée, Guinée-Bissau et du Soudan. Seul le premier de la poule balisera son chemin pour le match barrage dont le vainqueur décrochera l’un des cinq tickets du Mondial attribués au continent africain.
Vahid Halilhodzic : Un problème de communication qui entrave la progression des Lions de l’Atlas? Hespress Français.