
Barrages : Situation préoccupante au Maroc malgré les dernières pluies
Selon la publication de la situation journalière des principaux grands barrages du Royaume du ministère de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, les retenues de l’ensemble des barrages du Maroc ont atteint plus de 4004,3 Mm3 de au 3 novembre 2023, soit un taux de remplissage de 24,8%.
Ce taux reste sensiblement le même à celui de l’exercice passé qui était également de 24,8% mais pour une réserve d’eau de 4003,4Mm3. Le Maroc faut-il le rappeler, fait face à une sécheresse persistante depuis plusieurs années, qui affecte la production agricole, l’approvisionnement en eau potable et la production d’électricité.
Mais sur l’ensemble des barrages du pays la situation varie selon les régions et les bassins hydrauliques. Seul le plus grand ouvrage du Royaume, Al Wahda en l’occurrence, affiche quelque peu une bonne santé. Et encore il reste sous les 50%. Avec une capacité de 3522,3 Mm3, il remplissait au 3 novembre à 1547,9 Mm3 pour un taux de réserve d’eau de 43,9%, de 2,4 pts de mieux qu’en novembre 2022 ou il atteignait 1463,1 Mm3 pour 41,5%. Malheureusement tous les plus grands barrages du Maroc n’ont pas cet entrain.
Par exemple, Al Massira la seconde infrastructure du Royaume en la matière (province de Settat) est pratiquement à sec. Pour une capacité de 2657,0 Mm3 il n’est qu’à 54,6 Mm3 pour un taux de remplissage de 2,1% alors que l’année dernière à la même date il affichait 114,1 Mm3 pour un taux de remplissage de 4,3%. C’est toute une région, une des plus riches du pays qui va s’en ressentir. L’espoir de voir cet ouvrage revivre de son envasement et autres sédimentations réside à défaut du ciel, dans l’interconnexion hydraulique récemment réalisée (autoroute le l’eau) qui le rallie au barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah cinquième réservoir artificiel d’eau au Maroc, par la taille de son bassin de retenue (974,8).
Ce dernier ne remplit actuellement qu’à 151,7 Mm3 pour 15,6 % de remplissage contre 261,0Mm3 et 26,8% en 2022 même date. On peut lui accorder quelques circonstances atténuantes pour “services rendus à la Nation“ (pourvoyeur de autoroute de l’eau) pour ces quelques points de perdus. Bin El Ouidane (région de Beni-Mellal Khénifra) dont la capacité de retenue d’eau est de 1215,5 Mm3 et qui ne remplit qu’à 88,8 Mm3 soit 7,3% (98,9Mm3, 8,1% en 2022 à la même période) n’échappe pas à la morosité générale qui frappe les grosses œuvres hydrauliques du pays.
Le barrage Idris 1er d’une capacité de 1129,6 Mm3 n’est pas en reste avec une tendance continue de baisse de son niveau d’eau. Il ne remplit guère plus qu’à 179,3 Mm3 soit 15,9%. A la même période de l’an passé il était à 243,7 Mm3 pour un taux de remplissage de 21,6%. On n’occultera nullement à cela le barrage Ahmed Hansali d’une capacité de 668,2 Mm3 qui est actuellement à 63,9 Mm3 soit 9,6% (65,3 Mm3, 9,8% en 2022).
Cela dit grosso modo, les ouvrages du nord du Maroc qu’ils soient grands moyens ou petits sont “hydrauliquement“ bien mieux enflés que ceux du centre ou du sud. Les grands barrages au Maroc jouent un rôle crucial dans le stockage et la distribution de l’eau, mais ils sont confrontés à divers inconvénients, notamment leur vulnérabilité aux conditions climatiques imprévisibles, l’accumulation de sédiments, les répercussions sur l’environnement et les communautés locales, ainsi que les coûts élevés de construction et d’entretien.
D’où, une remise en question de cette stratégie des grands barrages par certains experts qui recommandent plutôt une gestion plus intégrée et durable des ressources en eau, comprenant la diversification des sources d’approvisionnement, la réduction des pertes et des gaspillages, l’utilisation efficace des eaux usées, ainsi que la sensibilisation des usagers.
Les autorités, au demeurant, misent sur ces approches ainsi que d’autres pour renforcer les ressources en eau du pays car, il n’existe pas de solution unique et universelle ou miracle pour répondre aux besoins en eau. Aussi, certaines, peuvent faire l’affaire en fonction des circonstances comme, les petits barrages, les lacs de colline, les barrages verts, les puits, les fourrages, la collecte d’eau de pluie, les systèmes de dessalement, les techniques d’irrigation économes en eau, la gestion de la demande en eau et la réutilisation des eaux usées traitées.
A ce propos, au lieu de déverser les eaux usées traitées dans l’environnement naturel, la réutilisation permet de recycler ces eaux pour d’autres usages. Cette pratique est essentielle pour répondre aux besoins en eau de divers secteurs tels que l’agriculture, les espaces verts et les usages urbains. De nombreux secteurs font face à des défis liés à la pénurie d’eau ou au stress hydrique, en particulier dans les régions arides ou semi-arides. La réutilisation permet de recycler une ressource autrefois considérée comme un déchet. Celle des eaux usées traitées favorise les principes de l’économie circulaire et est une solution durable pour la gestion des ressources en eau.
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