
France-Tunisie: Coup de tonnerre sur les relations après un « mensonge »
La France est embourbée dans un nouvel épisode de tension au Maghreb, cette fois avec la Tunisie. Il semblerait que le recul d’influence de Paris en Afrique touche à présent même l’Afrique du Nord. Après une rencontre entre des responsables tunisiens et français, deux versions s’entrechoquent.
La Macronie continue de commettre des impairs diplomatiques avec les trois principaux pays du Maghreb, à savoir le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Après la réduction des visas qui était -dans la traditionnelle position française vis-à-vis de la Tunisie- plus clémente avec Tunis que les deux autres voisins, voilà que la France dédaigneuse a voulu donner des leçons au pays traversant une crise multifactorielle.
Lors d’une visite de Nabil Ammar, le chef de la diplomatie tunisienne en France, vraisemblablement pour tenter d’obtenir le soutien de Paris pour débloquer un prêt du Fonds monétaire international (FMI), les événements avaient tout l’air de s’être bien passés, avant que les deux pays avancent deux versions différentes concernant les sujets abordés de la rencontre avec son homologue Catherine Colonna.
Dans un communiqué, le Quai d’Orsay a indiqué que la question des droits et des libertés avait été abordée. Une phrase de trop qui a aussitôt provoqué une réaction chez Tunis. Cet entretien entre les deux ministres des Affaires étrangères, « a été l’occasion de rappeler l’attachement de la France aux droits et libertés publiques partout dans le monde », a mentionné le communiqué.
Mais sur Twitter, aucune mention de cette phrase n’a été faite dans les déclarations des deux responsables. Nabil Ammar s’est félicité d’un échange « complet et fructueux », soulignant « l’importance d’une concertation accrue » et le « besoin d’une approche inclusive dans le traitement des questions liées à la migration, à la mobilité humaine, à la levée d’entraves relatives à l’octroi de visas aux Tunisiens et au développement durable ».
Pour sa part, Catherine Colonna a déclaré que « la France se tient aux côtés de la Tunisie et des Tunisiens, soutient la dynamique de réformes, et le développement de nos relations ».
Le lendemain du communiqué qui parlait de la situation des droits de l’Homme, soit mercredi 31 mai, la réponse cinglante de Tunis arrive et montre la nouvelle direction prise par la diplomatie tunisienne qui ne permet plus d’ingérences dans ses affaires (mis à part lorsqu’il s’agit de l’Algérie).
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a écrit dans un communiqué à son tour que la question des « droits et libertés » n’avait nullement été abordée et que le diplomate avait souligné qu’au contraire « le principal défi de la Tunisie reste celui de la relance économique, et que tout message sceptique ou attitude négative ne ferait que compliquer davantage l’amélioration des conditions socio-économiques dans le pays » et insisté sur « le retour de la stabilité politique ».
D’ailleurs, le ministre tunisien l’aurait même signifié au sénateur français Christian Chambon (droite) qui préside la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat et le groupe interparlementaire d’amitié France-Maroc, selon ses dires en affirmant lui avoir « souligné que la Tunisie, qui ne donne de leçons à personne, n’en accepte aucune de quiconque ».
La Tunisie a tout l’air de vouloir le « beurre et l’argent du beurre » en cherchant l’appui de la France, mais en refusant tout commentaire sur sa situation politique, critiquée à plusieurs niveaux depuis le tour de force du président Kais Saied en juillet 2021.
D’autre part, il est fort improbable que le Quai d’Orsay invente des sujets non abordés dans son communiqué, mais face à la sévérité du ton de la réponse de Tunis, des doutes s’installent pour savoir qui a raison et qui a menti.
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