
ONU: Les Syriens méritent de connaître la vérité sur le sort de leurs proches disparus
Depuis 12 années que la guerre sévit en Syrie, avec son lot de misères et drames, des hauts responsables des Nations Unies ont estimé que pour les Syriens, connaître le sort des 100.000 personnes portées disparues est crucial pour la réconciliation.
Ainsi, pour Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, « il est impossible d’établir avec certitude combien de personnes ont disparu en Syrie. Le chiffre de 100.000 est souvent cité, le nombre réel pourrait bien être beaucoup plus ».
« Ce qui est certain, c’est que des familles de tous les côtés de ce conflit ont été dévastées. Elles veulent savoir ce qui est arrivé à leurs proches. Je me tiens ici devant vous pour amplifier leurs voix », a-t-il affirmé lors d’un dialogue interactif à l’Assemblée générale des Nations Unies sur le sort des personnes disparues en Syrie.
Et Volker Türk d’insister: « C’est leur droit de connaître la vérité. Les enfants grandissent avec une absence béante là où leur père devrait être. Les épouses, les mères et les sœurs luttent pour subvenir aux besoins de leurs familles. Sans documents appropriés, elles n’ont aucun droit de propriété ; elles peuvent même ne pas être en mesure de voyager avec leurs enfants ou même de les envoyer à l’école. Il y a aussi la stigmatisation : la peur que s’associer à la famille d’une personne disparue puisse causer encore plus de violence dans la communauté ».
De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné que « les Syriens méritent une mesure d’espoir pour l’avenir. Ils méritent la paix et la sécurité. Et ils méritent de connaître la vérité sur le sort de leurs proches. La justice l’exige – la paix et la réconciliation en dépendent ».
Dans toutes les régions du pays et dans toutes les communautés, « des êtres chers sont portés disparus, y compris des membres de leur famille qui ont été victimes de disparition forcée, enlevés, torturés et détenus arbitrairement », a-t-il ajouté.
Majoritairement des hommes
La majorité des disparus sont des hommes – laissant des femmes seules à subvenir aux besoins de leurs familles dans des conditions difficiles, tout en entreprenant la recherche de leurs fils, maris, frères ou pères.
« Nous devons travailler pour résoudre cette situation profondément douloureuse avec détermination et urgence », a en ce sens indiqué Guterres, qui a salué « le travail courageux » des associations syriennes de familles, de victimes et de survivants et d’autres groupes de la société civile – ainsi que les efforts de nombreux organismes internationaux – pour tracer la voie à suivre.
Il a également rappelé avoir proposé dans un rapport en août dernier le cadre d’une solution, prévoyant notamment la création par l’Assemblée générale d’une nouvelle institution internationale chargée d’éclaircir le sort des personnes portées disparues et d’apporter un soutien aux victimes et à leurs familles.
« J’exhorte tous les États membres à agir – et j’appelle le gouvernement syrien et toutes les parties au conflit à coopérer. Il est essentiel d’aider les Syriens à guérir – et de lever un obstacle à l’instauration d’une paix durable », a-t-il dit.
Nouvelle institution
La même demande a été formulée par le Haut-Commissaire aux droits de l’homme à l’Assemblée générale, à travers « la création d’une nouvelle institution qui contribuera à apporter des réponses et un soutien à toutes les familles des milliers de disparus et aux survivants – en apportant des éclaircissements sur ce qui est arrivé à toutes les personnes de cette population blessée et épuisée, et en offrant un soutien pratique et une assistance à ceux qui en ont désespérément besoin ».
Volker Türk a noté que plusieurs grands principes directeurs pour cette institution ont été soulignés par les personnes consultées : la nouvelle institution doit être centrée sur les victimes et les survivants, elle doit mettre l’accent sur la sensibilité au genre, elle doit être inclusive et fonctionner sans discrimination, elle doit être guidée, dans toutes les activités de recherche, par la présomption que la personne disparue est vivante et a un besoin urgent d’aide, et elle doit être guidée par le principe de ne pas nuire dans ses opérations.
Le chef des droits de l’homme a mentionné les paramètres d’une telle institution. Selon lui, elle doit couvrir toutes les personnes portées disparues en relation avec la Syrie, quel que soit leur lieu ou leur nationalité ; elle doit être basée dans un endroit où les survivants et les familles se sentent en sécurité ; elle doit être transparente et pleinement ancrée dans les droits de l’homme.
« Il n’y aura pas de paix durable en Syrie sans progrès sur ces questions fondamentales pour les familles, les communautés et la société dans son ensemble. La douleur, la perte et l’injustice sont tout simplement trop grandes », a-t-il plaidé.
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