Retour du sabot à Rabat : Chronique d’un « come-back » non désiré

Le sabot fait son retour dans la capitale du Royaume, Rabat. Malgré la décision du tribunal administratif de Rabat, datant de 2016, sur la non-légalité des sabots, la maire de la capitale, Asmaa Rhlalou a donné son accord pour le retour de cette pratique qui entrave la circulation des personnes, ignorant ainsi une décision de justice, mais aussi les observations et réticences des conseillers communaux. 

Le parcmètre revient à Rabat, comme observé par de nombreux Rbatis, qui feront à nouveau face à l’accrochage de sabot dans leur véhicule. Et c’est la société Rabat-Parking qui assurera à nouveau la gestion du stationnement payant sur voirie et parking de surface relevant du domaine communal, après une absence qui a duré quelques années en raison de problèmes financiers.

Au début de l’année en cours, la commune de Rabat a annoncé le démarrage officiel du travail des contrôleurs assermentés de la police administrative qui veilleront sur le contrôle de la délivrance des procès-verbaux des infractions de stationnement.

Cela fait suite à une réunion organisée fin 2022 par le Conseil d’administration de la société de développement local « Rabat Parking« , dans laquelle la Commune de Rabat détient 51 % du capital, tandis que les 49 % restants sont détenus par la branche de la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) spécialisée dans la gestion des parkings.

Ainsi, la présidence du Conseil d’administration de Rabat Parking a été confiée à la conseillère du parti du Rassemblement national des indépendants (RNI), Houda Lakhchine, tandis que Hamza El Hajoui a été nommé nouveau directeur général, succédant ainsi à Saâd Ghazaoui.

Présidente du CA de Rabat Parking, Houda Lackhchine a souligné que « l’objectif de la réorganisation des parkings, qui est un service public, est de mettre fin au chaos dans la capitale, qui aspire à être une ville métropolitaine ».

Dans une interview accordée à Hespress, Houda Lakhchine a expliqué que « l’objectif de la Commune est d’organiser le stationnement dans les rues de Rabat, et non le sabot, qui reste un moyen pour inciter les propriétaires de voitures à payer », avant de revenir sur la décision de justice en soulignant que « les arrêts rendus par le tribunal administratif ne traitent pas tous du sabot en lui-même, mais plutôt du statut de celui qui le pose », notant que « cette question a été réglée en la rendant de la compétence de la police administrative ».

Ainsi, le tarif normal de stationnement dans les rues de Rabat sera désormais appliqué. Il est fixé à deux dirhams pour quarante minutes (40 min) et un demi-dirham pour chaque dix minutes supplémentaires (+10 min), a indiqué la responsable, notant que la société travaille à réparer les machines de distribution de billets qui ont été endommagés au cours des dernières années.

Dans les détails, la commune compte 20 membres assermentés de la police administrative, qui s’occuperont de contrôler les véhicules, auxquels s’ajoutent 20 contrôleurs relevant de la société Rabat-Parking. Le nombre n’est pas suffisant pour accomplir la tâche, a reconnu Houda Lakhchine. Mais la société compte remédier à la pénurie à l’avenir dès qu’elle surmontera les contraintes financières, a-t-elle précisé.

La même responsable a poursuivi que le travail de la société se concentrera principalement sur les quartiers de l’Agdal et Hassan, où se trouve un certain nombre d’administrations publiques et d’établissements commerciaux, afin de réaliser une rotation au profit des citoyens qui souhaitent subvenir à leurs besoins.

Dans sa tentative d’organiser le stationnement dans les rues de la capitale, la Commune de Rabat est confrontée au problème de la prolifération d’un certain nombre de gardiens officieux, que l’entreprise ambitionner d’intégrer. Mais la démarche s’est conclue par un échec.

D’ailleurs, la présidente du CA de Rabat-Parking Houda Lakhchine estime à environ 6 millions de dirhams (600 millions de centimètres) les revenus perdus pour la Commune au niveau des aménagements de parking, qui vont à un groupe de gardiens non officiels qui ne paient ni impôts ni cotisations sociales à l’Etat, selon elle.

Depuis l’annonce par plusieurs médias locaux du retour du sabot à Rabat, Hespress Fr a tenté de joindre la maire de Rabat, mais en vain. Nous avons donc sollicité Omar El Hyani, pour la Fédération de la gauche démocratique (FGD) à Rabat. Il nous avait confié, il y a quelques jours, que la décision n’était toujours pas officielle. En effet, les conseillers avaient demandé à ce que ce point soit inscrit à l’ordre du jour de la session de février, prévu ce mardi, mais la maire a refusé.

« Nous avons proposé au Conseil actuel et même au précédent présidé par le PJD des alternatives au sabot. Il faut faire payer aux gens le stationnement, c’est évident. Mais parmi ces alternatives, il y a les amendes. Et si les gens ne paient pas ces amendes, on les leur envoie, ou bien par courrier avec des pénalités, ou bien ils les retrouvent en paiement additionnel de la vignette ou autre. C’est ce qui se fait d’ailleurs dans d’autres pays », suggère Omar El Hyani.

Concernant la « volonté » de la maire de Rabat de sauver la société Rabat-Parking de faillite, Omar El Hyani soutient que c’est la volonté même des conseillers de la FGD, qu’ils réclament depuis 5 ans déjà, « sachant que le mari de Mme la maire était même président du Conseil d’administration de la société ».

« On a toujours réclamé le sauvetage de la société. Il y a eu des rapports de la Cour des comptes, il y a eu des débats sur Rabat Parking lors du mandat précédent, alors qu’aucune discussion n’a été ouverte pendant l’actuel. Mais la maire a toujours refusé de parler de Rabat Parking. On proposait des solutions innovantes, mais personne ne l’a jamais fait. Et là, ce qu’on nous apprend, c’est juste de revenir à une solution vieille de 30 ans. C’est inacceptable», a-t-il dénoncé.

Par ailleurs, Omar El Hyani a rappelé que la société Rabat-Parking n’a jamais interrompu ses services. « On devait toujours payer lorsqu’on stationne. C’est le sabot qui n’était plus à l’ordre du jour en raison de la décision du tribunal de Rabat de 2016. Ce qui fait que la maire revient aujourd’hui sur une décision de justice, avec laquelle elle est en train d’être en porte à faux », a-t-il conclu.

Retour du sabot à Rabat : Chronique d’un « come-back » non désiré Hespress Français – Actualités du Maroc.

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