
Madrassat Al Hayat : Un documentaire de Sonia Terrab qui retrace le combat d’un homme pour la formation des jeunes
« Madrassat Al Hayat, L’école de la vie », est un documentaire poignant sur le combat d’un homme, Rachid Kouatli, qui tend chaque jour la main aux jeunes de son quartier.
Réalisé par la romancière et réalisatrice marocaine Sonia Terrab, pour le compte de la chaîne 2M, le documentaire retrace le travail chaleureux et engagé de Rachid Kouatli auprès des jeunes de son quartier, situé dans une zone semi-rurale appelée Mkanssa, à la périphérie de Casablanca.
Dans cette zone reculée de la métropole, Rachid est une figure connue. Cela fait 20 ans que ce militant associatif sillonne le quartier à la rencontre des 15-18 ans, de leurs parents et leur propose une alternative à la rue, la drogue et le désespoir.
La cinquantaine, l’œil pétillant, le verbe facile et la patience d’un bon père de famille, Rachid convainc chaque année 60 garçons et filles à s’inscrire en formation professionnelle en bâtiment et en électricité avec souvent un stage de pré-embauche au bout du cursus.
Avec « Madrassat al Hayat-L ’école de la vie», Sonia Terrab réalise un film optimiste et touchant sur le parcours d’une jeunesse qui tente de recouvrer sa dignité.
Sollicitée par Hespress Fr, la réalisatrice nous raconte que le tournage, qui a duré 9 mois, s’est très bien passé. Attirée par la persévérance et le courage de Rachid Kouatli, qu’elle a rencontré en septembre 2021, Sonia Terrab a directement commencé à tourner avec lui, en le suivant pendant qu’il recrutait les jeunes, pendant qu’il leur faisait de cours de lifeskills, de coaching et ensuite pendant qu’il continue à les suivre alors qu’ils avaient entamé leur formation en atelier et en stage.
« C’était une aventure incroyable, humaine, très difficile par moment, parce qu’on s’est retrouvé à la périphérie de Casablanca, dans un no man’s land (zone désertée), une zone western où les gens vivent dans des conditions très dures. Et pourtant, ils sont d’une grande générosité, d’une grande gentillesse, ils nous ont accueilli les bras ouverts, et ça nous a permis de les mettre en lumière, de leur donner la parole et aussi de montrer aujourd’hui, quelle solution pouvait être offert à ses jeunes en abandon scolaire et quelle seconde chance la vie pouvait avoir », nous confie la jeune réalisatrice.
Alors que son documentaire tourne autour des jeunes en situation difficile, Sonia Terrab ne manque pas d’évoquer des chiffres affolants du HCP à ce sujet de 2022, qui révèlent que 26% des jeunes Marocains âgés entre 15 et 24 ans ne travaillent pas, n’ont pas de formation professionnelle et ne vont pas à l’école, soit un jeune sur 4.
« Ce film c’est aussi pour montrer comment pallier à cette tragédie, à ce désastre qu’on vit, parce qu’il n’est jamais trop tard pour sauver ses jeunes. Il y a des solutions, il y a des choses que l’État essaie de faire, mais aussi les associations. Ça demeure insuffisant, c’est sûr, mais ça existe, et il faudrait pouvoir penser à des solutions comme ça », a-t-elle souligné.
Sonia Terrab a connu Rachid Kouatli grâce un reportage de 2-3 minutes sur les haut-parleurs, fait par Maha Benslimane, qui la directement interpellée.
« J’ai vu ce personnage incroyable qu’il était, la mission qu’il avait. Pour moi Rachid c’est un Don Quichotte, c’est un personnage qui se bat envers et contre tous pour sauver des jeunes. Il le fait avec passion, avec bienveillance, avec générosité et abnégation. Pour moi, c’est un modèle », a-t-elle exprimé.
Pour conclure, la jeune réalisatrice estime qu’aujourd’hui, on a besoin dans les documentaires marocains, qui sont de véritables miroirs de la société, de montrer des modèles comme ça et de montrer que des citoyens aussi se battent tous les jours pour un avenir meilleur pour les enfants du Maroc.
Madrassat Al Hayat : Un documentaire de Sonia Terrab qui retrace le combat d’un homme pour la formation des jeunes Hespress Français.