
Maroc-Algérie : Dans l’oued Guir l’eau ne coule plus de source
L’oued Guir prend sa source dans les hauteurs du Haut Atlas à Gourrama (jebel Mesrouh, 2736 m) un mont qui fait suite vers l’est à la crête du jebel Ayachi (3721 m). Il est considéré comme l’un des plus longs et des plus puissants oueds d’Afrique du Nord. Au Maroc, ses principaux affluents sont les oueds Assefti, Aït Aïssa et Zelmou.
Plus en aval, après sa confluence avec l’oued Zousfana, en territoire algérien, l’oued Guir forme ce que l’on appelle la « Saoura » (oued Saoura), qui se perd dans le désert. Voilà pour la géographie. Sur l’Oued Guir, à 50 km environ dans l’Ouest de la wilaya de Colomb Béchar aux frontières du Maroc, l’Algérie y avait construit entre 1965 et 1968 un barrage de type poids, Djorf Torba en l’occurrence qui a été mis en service en 1973. Djorf Torba qui est alimenté en eau par le Guir (ou peut-être le Ger comme mentionné par Pline l’Ancien) est d’une hauteur de 37 mètres et d’une longueur de 762 mètres, il est à vocation (eau potable et irrigation) et est le quatrième barrage le plus important d’Algérie.
Pour sa part, le Maroc y a construit et mis en service dernièrement ( fin 2021) le barrage de Kaddoussa d’une capacité totale prévue de 220 millions m3, et qui vise à protéger les périmètres oasiens en aval contre les inondations, mais aussi à sécuriser l’irrigation de 5 000 ha et à alimenter en eau potable une population de 15 000 habitants.
Le volume qui sera régularisé en année moyenne sera de 33 millions m3, dont 30 millions de m3 seront réservés à l’irrigation des périmètres situés à l’aval du barrage. Les besoins en eau de la région (développement de l’irrigation et d’adaptation de l’agriculture irriguée aux changements climatiques) ont un impact certain sur le débit de cet oued qui du coup réduit l’écoulement d’eau en Algérie du côté de Colomb Béchar et de son barrage Djorf Torba. Mais cette faiblesse de débit et la diminution du niveau des eaux retenues dans le barrage en question en Algérie qu’elle engendre, on la doit aussi à Dame Nature.
En effet, cette dernière, d’une sécheresse endémique et les fortes chaleurs caniculaires enregistrées dans cette zone géographique qui comprend également le Maroc, sévit de plus en plus fortement. Dernièrement les médias algériens ont annoncé que pas moins d’une vingtaine de tonnes de poissons d’eau douce y sont morts asphyxiés à cause de la baisse du niveau des eaux au niveau du barrage de Djorf Torba.
Ce dernier, dont le lac s’étendait avant sur une superficie de 94 km2, est devenu une zone totalement sinistrée par un phénomène de sécheresse implacable. Il est pratiquement asséché. C’est un désastre autant humain qu’écologique. C’est que Djorf Torba, alimentait jusqu’au mois de juin dernier, toute la zone moyennement peuplée de la ville de Bechar qui est désormais se retrouve devant une pénurie en eau potable.
Le régime des séniles d’Alger y a dépêché des responsables pour constater les dégâts. Choqués par la gravité de la situation, ils ont eu vite fait de désigner le coupable idéal, et de crier haro sur le Maroc. Et vas-y que je t’accuse le voisin de cette catastrophe.
Selon les médias caresseurs dans le sens du poil, cela résulte d’un complot murement réfléchi et fomenté par le “Makhzen“ avec la construction récemment de « Kaddoussa », qui a détourné et arrêté le débit de 100 % des affluents qui alimentaient le barrage algérien. Aussi, menace-t-on dès lors, devant l’ampleur du désastre, de porter cette affaire devant l’ONU et les tribunaux internationaux, et que si un retour à la situation d’avant, dans les plus brefs délais n’avaient pas lieu, toutes les options seraient alors permises, y compris celle d’un conflit armée avec le Maroc !… Cause toujours !
On notera toutefois le silence officiel des deux séniles du Muppet Show made in Algeria, Statler et Waldorf qui généralement, n’en ratent pas une pour l’ouvrir et accuser le Maroc de complot comme celui des incendies de Kabylie ou du vol de montagnes de l’Atlas, voire même de l’Océan Atlantique et je ne sais quoi d’autres. Mais cet « en bouche close n’entre mouche » trouve sa raison dans l’absence d’une législation internationale sur les cours d’eau limitrophes à deux pays voisins et même plus.
Par ailleurs, mettre cette discorde de l’eau, en tant que protestation officielle dans cette région particulièrement, remet le tracé des frontières en cause entre le Maroc et l’Algérie. Certes il y eut des traités qui avaient été négociés à la fin des années soixante et début soixante-dix, mais les expulsions des propriétaires marocains d’El Arja (terres tribales ancestrales) dernièrement les ont rendus de facto caduc.
Maroc-Algérie : Dans l’oued Guir l’eau ne coule plus de source Hespress Français.