Nador/Melilla: Voici comment s’est passée la plus violente tentative de migration illégale

L’enquête judicaire suite à l’assaut lancé par près de 2000 migrants subsahariens de Nador vers Melilla, dans le nord du Maroc, a révélé l’organisation de réseaux de trafic de migrants opérant depuis l’Algérie. Une mafia organisée, habituée à profiter de la détresse des personnes ayant fui la misère et la guerre dans leur pays. Voici les détails. 

Les déclarations des hommes ayant été interpellés dans la tentative de migration illégale vers Melilla lors du vendredi 24 juin, révèlent l’existence d’une organisation criminelle de traite d’être humains.

La plupart des migrants sont victimes de réseaux de passeurs qui les retiennent dans des camps dans la forêt de Nador, surveillés par des hommes entrainés, auxquels, ils doivent donner 20 dirhams mendiés par jour pour manger.

La tentative de passage forcé vers l’Espagne a choqué le monde au vu du nombre impressionnant de personnes ayant escaladé la clôture, des bousculades et des scènes de violences avec les forces de l’ordre. Près de 2000 hommes s’étaient préparés à entrer de force à Melilla, au péril de leur vie.

Et ce fut le cas, puisqu’une vingtaine de personnes ont trouvé la mort après avoir été piétinées par d’autre migrants lors de leur montée du grillage. Les rescapés qui ont été transférés dans les hôpitaux environnants ont raconté l’horreur de cette journée, et les violences auxquelles ils ont participé, préparés pour cela par des meneurs de camps.

Au niveau judiciaire, sur le total des migrants illégaux ayant lancé l’assaut contre les forces marocaines, une enquête a été ouverte contre 64 personnes qui ont témoigné en racontant comment s’est passée cette journée meurtrière du vendredi 24 juin, la pire que le Maroc ait connue en la matière.

L’agence de presse espagnole Efe, qui a pu accéder aux déclarations des migrants, explique que les hommes ont parlé de réseaux criminels opérant sur 5000 kilomètres et que deux routes sont prises par les migrants pour arriver au Maroc avant de tenter d’accéder à l’Espagne.

Avant d’atteindre les forêts de Nador, où des camps sont mis en place pour les accueillir et les former à attaquer les forces de l’ordre, ils traversent des milliers de kilomètres depuis le Soudan. La première voie qu’ils empruntent traverse la Libye puis l’Algérie, la seconde via le Tchad, le Niger, le Mali et l’Algérie.

Toutes les routes mènent donc en Algérie où se trouve le « Boss », l’homme en charge du réseau de passeurs, indiquent-ils. L’homme serait un Malien, âgé de 35 ans, tatoué et musclé. Il serait installé dans une ferme de la ville algérienne de Maghniya, à 10 kilomètres de la frontière marocaine, expliquent les migrants.

L’agence de presse espagnole retranscrit les témoignages de 13 personnes poursuivies dans le cadre de cette affaire qui sera jugée à partir de la mi-juillet devant la cour d’appel de Nador. Il s’agit de 9 Soudanais, 2 Sud-soudanais et 2 Tchadiens.

Selon les migrants, une fois qu’ils ont atteint les montagnes près de Nador, ils s’organisaient en camps forestiers en attendant le moment de franchir la clôture, dans une structure hiérarchisée avec un chef maximum et des sous-groupes commandés par une dizaine de patrons.

Le chef de camp est un Soudanais, trentenaire, nommé Ahmed qui n’a pas été arrêté par la police. Il gérait les camps et disposait d’une dizaine de personnes supplémentaires qui dirigeaient des sous-groupes, chacun composé de cinquante membres, indiquent les témoignages.

« Il portait un masque pour se distinguer du reste des commandants des groupes, alors qu’ils portaient des foulards, ils étaient considérés comme un grade supérieur aux migrants et ils étaient chargés de les former« , indique la transcription de la déclaration des Soudanais du Darfour.

Les sous-groupes dans les camps avaient différentes fonctions, comme la surveillance des forêts au cas où des agents marocains faisaient une descente, la gestion des problèmes entre migrants ou la recherche de nourriture.

Le Soudanais de 18 ans ayant témoigné à Efe, indique qu’il fallait qu’il paie 20 dirhams pour chaque repas et qu’il mendiait pour payer. « Si quelqu’un enfreignait les règles, il était puni« , ajoute le jeune homme.

Les retranscriptions des déclarations expliquent que la coordination et la communication entre les différents membres du réseau du « Boss » se font via des applications de messagerie et un groupe Facebook fermé, où ils décident comment et quand franchir la clôture de Melilla.

Vendredi était le jour où les consignes pour sauter la clôture ont été données. Le jeune Soudanais a expliqué qu’au début, ils étaient 200 personnes, mais qu’ils ont dû attendre le rassemblement de plus de 1000 autres pour exécuter le plan.

« Au premier rang se trouvaient les dirigeants et les personnes formées pour résister à la police. D’autres étaient chargés d’ouvrir la clôture », a-t-il déclaré.

A la fin de cette journée chaotique lors de laquelle plusieurs migrants ont été blessés dans les émeutes, et certains ont été pris au piège sur les clôtures, pas moins de 640 bâtons et barres de fer, 13 crochets métalliques fixés sur des bâtons en bois, trois couteaux de taille moyenne, un gros marteau, une chaîne accrochée à un cadenas, ont été saisis, indique un rapport de police.

Nador/Melilla: Voici comment s’est passée la plus violente tentative de migration illégale Hespress Français.

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