Zone saharo-sahélienne : Du crime organisé au faux Djihadisme

Afin de comprendre ce qui se passe réellement dans le Sahel, le rôle des militaires algériens dans la fabrique du terrorisme et de la criminalité disséminés dans la région, il est pertinent de mieux cerner les raisons qui entrainent le mouvement des populations du Sud vers le Nord à cause de l’existence de l’or en grande quantité, souvent à ciel ouvert (gisements alluvionnaires) et qui les jette bras du crime organisé et de la manipulation idéologique et religieuse.

Cette situation trouble a fait basculer dans le terrorisme dit islamiste plusieurs groupes criminels autrefois spécialistes du trafic de cocaïne, cannabis, psychotropes, cigarettes Marlboro (le fameux Mokhtar Belmokhtar dit le borgne) etc. Cette mutation a révélé la réalité d’un lien organique entre les armées et les services secrets de la région saharo-sahélienne, d’une part, et leurs relations secrètes avec les groupes de trafiquants, divisés en deux clans concurrents et ennemis dans la nouvelle ruée vers l’or, d’autre part.

Il s’agit d’une véritable pyramide du crime dont le sommet se trouve sur la Méditerranée et la base dans le désert. L’habillage religieux de ces organisations est un leurre dont le but est économique, politique, médiatique et géopolitique.

Selon les géographes et les géologues, l’ensemble des pays sahélo-sahariens dispose de mines clandestines d’or, voire de diamant, dont l’exploitation sauvage provoque un véritable engouement des populations nigérienne, malienne, ghanéenne et soudanaise ayant une certaine expérience traditionnelle dans la recherche et l’extraction des minerais précieux (or, diamant, pierres précieuses) qui finiront par s’évaporer dans des circuits illicites de blanchiment et de financement occultes. Ils deviendront le nerf de la guerre de tous les groupes qui se réclament du Djihad.

L’oligarchie militaire algérienne joue dans ces circuits le rôle de principal acteur, de régulateur de la rente et de parrain de la répartition des territoires exploitables et des zones d’intervention de chacun.

De la dilapidation de l’or algérien

L’Algérie est classée troisième pays arabe pour sa réserve d’or de 172,65 tonnes (2021). Ce précieux minerai n’a jamais été valorisé dans l’économie nationale car il demeure lié au pillage et aux circuits de l’économie parallèle. De ce fait, de nombreux économistes remarquent que cette source n’a aucun impact sur les populations sahélo-sahariennes qui restent déshéritées et sous-développées aussi bien dans le sud algériens qu’au nord du Niger et du Mali.

Officiellement, la SONAREM, société nationale algérienne de recherche minière (objet d’une opa de la SONATRACH), a initié et réalisé sur le terrain la recherche, la prospection, l’évaluation et la cartographie des richesses géologiques de la région, concernant l’or, le diamant, l’uranium, le tungstène, le cuivre, le plomb, les Terres rares, etc.

Les principaux gisements d’or exploités en Algérie depuis la fin de la colonisation sont ceux de Tirek (Tirek 1, Tirek 2 et Tirek 3) au Tanezrouft (500 km au sud ouest de Tamanrasset), d’Amesmessa au nord de Tamanrasset (environ 200 et 300 km), de Tiririne (environ 500 km à l’Est de Tamanrasset, au Nord du Ténéré prés de l’oued In Afelahlah et Tafassasset). En 1960, les géologues français ont estimé ces gisements à 2,5 millions de tonnes d’or.

D’autres sites en exploitation sont connus, tels que ceux d’In Abegui, Isselfene, Seldar et Iderski, situés en Ahaggar, en pays touareg, auxquels il faut ajouter d’autres sites clandestins ou privatisés découverts plus récemment au sud de Tindouf, dans la région de la Tajakant, propriété privée des hauts gradés de l’Armée Nationale Populaire (ANP).

Ces mines déclarées ont été nationalisées dans des conditions très opaques dès l’époque des colonels Boumedienne et Chadli. Des centaines de kilomètres de fils de fer barbelé les encerclent en tant que zones militaires interdites aux civils et désormais sous état de siège. Les militaires interdisent toute approche à une distance de 50 km à l’instar de ce qui se fait pour les gisements d’hydrocarbures et de gaz de schiste dans la zone appelée par ses fossoyeurs « Algérie utile ». Dans ce contexte, l’A.N.P y a construit, avec le soutien des étrangers (Sud-Africains, Sud-coréens, Chinois, Canadiens, Turques, etc.), des pistes d’atterrissage pour hélicoptères et avions cargos.

L’or extrait est acheminé vers la base militaire aérienne de Boufarik et transporté à Anvers en Belgique et au Moyen-Orient.

Grace à l’expertise sud-africaine, les Algériens ne comptabilisent pas les autres pierres précieuses.
Pour dissuader les nomades de s’approcher des sites, la propagande de la Direction du Renseignement et de la Sécurité (D.R.S) propage la rumeur selon laquelle les djinns fils d’Ibliss, habitent ces mines sous haute surveillance où toute aventure non autorisée peut provoquer le courroux de Satan suivi d’une mort immédiate ! De plus, cette propagande diffusée au sein des tribus sahélo-sahariennes a pour objectif d’étouffer toute revendication de leur part. Il s’agit d’un véritable déni de droit.

Notons que les habitants de cette zone riche subissent une misère endémique, particulièrement les nomades touaregs nouvellement sédentarisés suite à la destruction systématique et par force de leur économie traditionnelle (ceintures de bidons-villes). Leur jeunesse est orientée vers la contrebande d’envergure, cocaïne, cigarettes, amphétamines et autres drogues de synthèse, denrées alimentaires, armes, etc.

Dans ce contexte, le business du terrorisme et du kidnapping, est encadré par l’A.N.P des 2e, 3e et 6e régions militaires dont nombre d’officiers supérieurs, impliqués dans ce trafic pyramidal sont en partie incarcérée actuellement à la prison militaire de Blida (35 généraux-major, 80 colonels, lieutenants colonels, etc. et 4 généraux majors en fuite en Europe). Ce business illicite se dissimule sous le burnous religieux.

La guerre entre les groupes sur le terrain des opérations sahélo-sahariennes est accès sur les zones d’influences, les circuits de la contrebande et les mines d’or sous le haut-patronage des États-majors militaires du territoire. Chaque structure militaire relevant des pays de la région soutient, arme, des organisations défendant ses intérêts économiques et politiques. Cette configuration a également servi aux États-majors successifs d’arme inter-clanique redoutable.

De la finalité de l’exploitation clandestine de l’or : la production du désordre sahélo-saharienne

Afin de mieux cerner les raisons de l’instabilité chronique qui sévit dans la zone saharo-sahélienne, et de l’hégémonisme d’un État de la sous-région, il s’avère opportun de souligner que les guéguerres, les attentats terroristes, les prises d’otages et les trafics en tout genre, sont l’œuvre de deux grands groupes maffieux antagoniques, prétendument religieux, séparatistes ou rebelles.

Ces groupuscules sont en fait instrumentalisés par des multinationales connues, canadiennes, australiennes, sud-coréennes, sud-africaine, chinoises, russes, turques et européennes travaillant main dans la main avec l’APN et la D.R.S. Ainsi des centaines de milliers de Nigériens, Maliens, Ghanéens et autres Subsahariens convergent vers la zone, particulièrement Tamanrasset, chef lieu de l’Ahaggar, limitrophe des frontières avec le Mali et le Niger. Petit village de trois mille habitants en 1962, Tamanrasset s’est métamorphosée en agglomération hypertrophiée par une périphérie aux constructions anarchiques, illicites et précaires.

De près de 320 000 habitants, sa population cosmopolite est composée de 30 % d’Africains de 40 nationalités différentes. De plus, véritable ville-garnison, chef-lieu de la 6e région militaire dont la mission principale serait, soi-disant, la lutte contre le terrorisme et la contrebande, elle ne compte pas plus de 10 % d’habitants autochtones.

Avec des effectifs estimés à 80 000 hommes, cette garnison de l’A.N.P est loin de coopérer et de contribuer à la stabilité de la zone du grand Sahara. Le QG militaire et de renseignement de Tamanrasset est le cerveau opérationnel de tous les attentats et des coups d’États et autre anticipation dont les médias n’offrent qu’une image tronquée. Cette information est partagée par tous les militaires algériens exilés en Europe. Depuis plus d’un demi siècle, ce QG est un laboratoire et une pouponnière de faux djihadistes et de leurs clones en gestation : Iyad Ag Ghali, Omar Sahraoui, Alyamine Boucheneb, etc.

Cela procède d’une complicité et d’une connivence très active et intime des faux djihadistes et des groupes maffieux dont les chefs sont devenus des « émirs » ou des « khalifes » avec les officiers supérieurs de l’armée algérienne. La dynamique à l’intérieur de la pyramide maffieuse est répartie sur trois niveaux : le sommet, composé des officiers supérieurs de l’État-major et les chefs de région, et les commandants du DRS, le deuxième étage, le Polisario, sous-traitant et encadrant des réseaux maffieux basculés vers le terrorisme, le troisième, à la base, est constitué d’Émirs de groupes de faux djihadistes représentants de l’AQMI dans la chaine de commandement.

C’est une marque déposée de l’armée algérienne, désormais facteur majeur d’instabilité et d’insécurité dans cet espace sahélo-saharien. Afin de schématiser cette pyramide de la violence, du terrorisme et du trafic, soulignons qu’après la décennie rouge qu’à connu le Tell algérien (littoral méditerranéen), de nombreux faux islamistes et transfuges ont été encouragés à se redéployer vers le désert et la brousse afin d’accomplir une mission bien précise : l’instauration du désordre, la sécurisation des mines d’or et la pérennisation des circuits de la cocaïne, de la cigarette, des psychotropes, etc.

Après la loi de privatisation des gisements des minéraux et des métaux précieux, l’oligarchie militaire et civile en a profité pour s’en partager avec les Africains clandestins venus du Sud, l’extraction et l’exploitation. Tous se sont rués vers les gisements de l’Ahaggar (Hoggar), des tassilis de l’Ahaggar, du Ténéré, de la Tanezrouft et de la Tajakant (Tindouf). Cependant, ce « partage » ne les a pas empêchés de se livrer à une concurrence fratricide.

L’ANP et le Polisario coresponsables de l’orpaillage clandestin

À titre d’exemple, la mine d’or et de diamant située à 14 km de Tindouf, est la propriété privée du général Saïd Chengriha, actuel chef d’État-major de l’ANP. Ces gisements sont gérés par Taleb Ould Ammi, chef de la soi-disant 1ère région militaire du Polisario.

L’inexpérience des jeunes algériens issus des familles aisées d’Alger (exemple : les familles Sellal, Tebboune, etc.) et leur inefficience dans le domaine de la prospection et de l’exploitation des champs aurifères dans le centre du Sahara, les poussent à sous-traiter localement avec des étrangers. Quand à l’armée algérienne, elle a missionné la milice du Polisario sur les gisements d’or à Tindouf et dans le Sahara Central, au profit des gradés de l’ANP.

Selon des études sérieuses, 4 000 tonnes d’or de la sous-région, s’évaporent dans la nature chaque année pour une valeur d’échange de 20 dollars le kilogramme d’une teneur de 18 g/t. Sources de financement du terrorisme et du crime organisé tentaculaires, ces revenus illégaux alimentent la violence et la tension entre les groupes criminels.

Le Polisario, qui partage cette rente avec les militaires algériens, est aussi chargé d’assurer la prospection clandestine dans les zones sahariennes du septentrion malien. Le chef d’État-major de cette milice, Mohammed Ould Laakik, est le véritable géniteur de toutes les organisations dites islamiques, pendant longtemps soutenu en cela par le chef d’AQMI, Abdelmalek Droudkal, alias Abelwadoud, exécuté dans une opération spéciale attribuée aux Français et aux Américains dans le Sud algérien.

Ce chef d’État-major du Polisario et son lieutenant Sultan Ould Badi entretiennent des relations avec certaines tribus sahélo-sahariennes voire avec les représentants de la maffia latino-américaine. Sultan Ould Badi a été arrêté dans une opération combinée des armées mauritanienne et malienne lors d’un convoi de cocaïne et d’or. Ces deux personnages constituent le lien entre l’armée algérienne d’une part, et, d’autre part, l’AQMI et les groupes armés de trafiquants, faux djihadistes.

La nébuleuse atypique de ces réseaux maffieux opère de la Mauritanie et du Tchad vers Djendjen, à l’est du littoral algérien. Elle dépouille systématiquement avec violence les clandestins Africains orpailleurs de leurs biens et de l’or qu’ils ont ramassé dans leur orpaillage artisanal rudimentaire.

L’autre chapelle, qui se réclame de Daech, connectée à des multinationales de l’or, est active au Niger, au sud libyen et au Mali. Elle a tenté au cours de plusieurs opérations et attentats, principalement dans les cercles de Gao et de Tombouctou, de réduire l’influence de l’autre groupe parrainé et téléguidé par la D.R.S.

En revanche, la présence de la milice russe Wagner au Nord du Mali prés des frontières de Mauritanie cherche à complexifier la problématique de l’anarchie dans les zones aurifères. Officiellement, cette milice tente de chasser les clandestins lourdement armés et munis d’outils modernes sous l’étendard de la lutte contre le terrorisme islamiste.

Ainsi, l’instabilité permanente dans le grand Sahara et le Sahel, résulte de la concurrence féroce à laquelle se livrent plusieurs milices ennemies alimentées par des facteurs endogènes et exogènes, armées et services secrets de certains États.

L’Islam, présent dans cette bande sahélo-saharienne depuis 1 400 ans, n’avait jamais été instrumentalisé par la population nomade de la zone comme il l’est aujourd’hui. La décennie noire en Algérie de 1992 à 2002, indique que les épiphénomènes du terrorisme, du séparatisme et du crime organisé se sont révélés être des armes redoutables et de véritables outils de subversion et d’hégémonisme dans la région subsaharienne, sans jamais perdre de vue l’accaparement et le pillage des richesses.

Les confidences de l’adjudant-chef Bounouira, ex-secrétaire particulier du défunt chef d’État-major Ahmed Gaïd Salah, dernièrement condamné à mort, a confirmé le lien structurel entre le D.R.S., le terrorisme de l’AQMI et le séparatisme du Polisario. Conformément à la théorie de « l’ordre dans le désordre », propager la peur du « terrorisme islamique » dans cette région sert les intérêts économiques, politiques et géopolitiques des acteurs susmentionnés.

Ainsi, nous assistons-là, à l’application à la lettre, depuis l’indépendance de l’Algérie, de la doctrine de son système politico-militaire selon laquelle la région qui s’étend de « Kano au Nigeria jusqu’au Caire » serait sa zone de sécurité nationale (dixit Abdelhafid Boussouf, fondateur du renseignement algérien en 1957) dans laquelle aucun changement (politique, économique, social, culturel, etc.) ne peut prétendument se réaliser sans la bénédiction d’Alger.

*Politologue

Zone saharo-sahélienne : Du crime organisé au faux Djihadisme Hespress Français.

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