
Hôtellerie : La France lorgne la main d’œuvre saisonnière marocaine et tunisienne
La France manque de main-d’œuvre, notamment celle des saisonniers dans le domaine du tourisme et particulièrement celui de l’hôtellerie et de la restauration. Aussi, envisage-t-elle de recruter au Maroc et en Tunisie quelque 10 000 bras, dans une tentative pas tout-à-fait désespérée de combler un vide (300 000 saisonniers) dont elle a besoin dans ce secteur meurtri, reparti à la hausse avec la levée des restrictions sanitaires.
C’est que les attentes sont grandes dans l’Hexagone quant à la saison estivale actuelle, après deux longues années de disette. En effet, en cette période de crise que d’aucuns espèrent derrière-nous, l’hôtellerie-restauration a perdu un grand nombre d’effectifs partis vers d’autres horizons tenter un eldorado. Cette situation conjuguée à un stock de très faibles demandeurs d’emploi fléchés sur cette activité la France, s’est retrouvée en manque d’une main d’œuvre précieuse du moins dans ce secteur.
L’Union des métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih), principal syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration, s’apprête déjà à signer une convention avec le gouvernement tunisien pour faciliter la venue de jeunes désireux de travailler comme saisonniers dans le secteur. Une initiative similaire avec le Maroc devrait suivre très prochainement.
« Dans la restauration, les saisonniers manquent cruellement à l’appel » a déclaré Thierry Grégoire, président de l’Umih saisonniers. C’est pourquoi le patronat « ne s’interdit pas de regarder les bonnes pratiques d’autres secteurs, comme l’agriculture » a-t-il ajouté. Et à cet égard, en 2021 ils étaient plus de 23 000 ouvriers agricoles marocains à s’être déplacés en Espagne et en France pour travailler dans les champs.
C’est d’ailleurs sur ce modèle des ouvriers agricoles que la France s’apprête à recruter des saisonniers d’hôtellerie-restauration, au Maroc. Le contrat d’une durée maximale de six mois, après l’aval de l’OFII France, est pris en charge par l’OFII Maroc qui intervient dans la procédure d’introduction du travailleur en France (démarches administratives et consulaires…) pour être recruté pour une période donnée. Les postes demandés vont du chef de salle, serveur, commis de cuisine réceptionniste, femme de ménage… brefs les petits métiers de café-hôtellerie-restauration.
Ils sont 750 000 employés en France à travailler dans ce secteur en France dont 300 000 sont des saisonniers. Aussi, s’apprête-t-on à recruter tous azimuts dont 10 000 Marocains et Tunisiens. Pour ce faire, la France s’appuie sur des accords bilatéraux avec une douzaine de pays (Maroc, Argentine, Bulgarie, Canada, Tunisie, Estonie, États-Unis, Hongrie, Pologne…).
Bien des économies en Europe depuis la reprise souffrent d’un manque de main-d’œuvre dans certains domaines, notamment ceux dont il est question dans ces lignes et l’on assiste du coup à une lutte sans merci pour attirer la main-d’œuvre nécessaire à la relance économique. Faut dire que le taux de chômage de la zone euro (6,8 %) de la population active est à son plus bas niveau historique. Ce sont l’Espagne (13,3 %), la Grèce (12,7 %) et l’Italie (8,4 %) qui font office de cancres. Les Pays-Bas ont un des taux de chômage les plus bas d’Europe (3,2 %), avec la République tchèque (2,4 %), l’Allemagne (3 %) et la Pologne (3 %).
Paradoxe alors que la France cherche à recruter au Maghreb les Pays-Bas envisagent quant à eux de chercher cette précieuse main-d’œuvre dans l’Hexagone. Dans une déclaration la ministre néerlandaise des Affaires sociales et de l’Emploi, Karien Van Gennip, a expliqué qu’« il y avait un taux de chômage des jeunes vraiment élevé en France, surtout dans les banlieues. Je pourrais imaginer que nous investissions dans ces jeunes Français ou Espagnols qui sortent de l’école pour les faire travailler ici dans le secteur de l’hôtellerie ou de l’horticulture ».
«Je n’imagine pas que nous puissions faire fonctionner notre économie sans les migrants», a-t-elle concédé.
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