
Maroc : Les transferts de fonds des MRE compensent près de la moitié du déficit commercial
On a fêté hier jeudi la Journée internationale des transferts de fonds familiaux, célébrée par l’Organisation des Nations unies (ONU) après deux années de crise sanitaire qui en plus des dégâts sur la santé dans le monde ont également affecté son économie. La reprise amorcée depuis peu, a profité aux transferts d’argent qui ont bondi malgré les impacts du conflit en Ukraine qui a chamboulé et continue de chambouler l’économie mondiale.
Cela dit, Ukraine, Dame Covid ou non, les envois de fonds des immigrés continuent à représenter une énorme source de revenus pour les pays en développement. En effet, en 2021, les revenus de nombre de travailleurs, les envois de fonds des immigrés à leur famille ont augmenté de 8,6 % l’an dernier, l’Afrique recevant 15 % du montant total. Les immigrés du monde entier ont envoyé 577 milliards d’euros à leur famille dans les pays à revenus faibles et moyens, indique le Fonds international pour le développement agricole (Fida).
Entre 2022 et 2030, la totalité de ces envois de fonds pourrait atteindre un montant cumulé d’environ 5 150 milliards d’euros, estime cette agence de l’ONU installée à Rome. Cela représenterait deux fois le PIB actuel de toute l’Afrique. En 2022, quelque 200 millions de travailleurs immigrés dans le monde devraient envoyer plus de 600 milliards d’euros dans un grand nombre de pays, « assurant une planche de salut à plus de 800 millions membres de leur famille », souligne le Fida.
Au Maroc, un débat, sur les transferts des MRE en tant que « levier économique et social », afin de l’analyser dans le contexte de la crise sanitaire a eu lieu hier, à Casablanca, à l’occasion la Journée internationale des transferts de fonds familiaux. De cette réunion, quelques chiffres ont filtré comme celui de la diaspora marocaine qui en 2021 a transféré un total de 93 milliards de dirhams (MMDH) vers le Maroc. Une aide qui a bénéficié à une dizaine de millions de Marocains.
Ces chiffres prouvent que les impacts de Dame Covid n’ont pas eu d’effets au cours des deux années passées, sur la résilience de ces envois et les liens de plus en plus forts entre la diaspora et le pays d’origine. C’est un record « historique » qui améliore de 23 milliards de dirhams celui de l’exercice précédent (70 MMDH) soit près de 37 % par rapport à 2020 ce qui représente une nouvelle donne, car au cours des années précédentes le taux de transfert d’argent vers le Royaume se situait à peu près 5 %.
Mine de rien cette manne et sa hausse spectaculaire compensent de près de moitié le déficit commercial du Maroc qui est estimé à 200 milliards de dirhams (MMDH). Ces transferts de fonds des MRE, le Royaume les reçoit depuis l’Europe où 85 % de la diaspora marocaine est installée avec 73 % des envois, du Moyen-Orient (7 %) de MRE, et 17 % d’envoi d’Amérique du Nord suit avec 7 % des envois et de 3 % d’argent reçu des quatre coins du globe restant. Au cours de la réunion de Casablanca, l’accent a été mis sur le rôle du numérique dans la fluidification du circuit du transfert d’argent vers le Maroc, spécifiquement pendant la crise sanitaire. Les envois via les téléphones portables sont en hausse de 48 %, a pour sa part précisé le Fida.
Ces transferts ne représentent encore que 3 % du total. La plus grande partie des envois est réalisée avec de l’argent liquide déposé par des clients chez des sociétés de transferts de fonds, qui prennent en moyenne 6 % de commission. Mais la réunion d’hier à Casablanca a dévoilé qu’il existait une multitude de fintechs, des start-ups dans la finance, proposant des solutions digitalisées de transferts d’argent à bas coût et vers lesquels on s’orienterait désormais pour faciliter l’envoi de fonds des MRE vers leur patrie.
Environ deux tiers de nos compatriotes à l’étranger sont bancarisés au Maroc et leurs dépôts bancaires représentent jusqu’au quart du total. C’est une source de financement de l’économie marocaine que nombre de pays nous envient a indiqué un panéliste du débat d’hier.
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