Que deviendront, le nord, Sebta et Melilla à la réouverture des frontières ?

« Nous sommes arrivés à un accord définitif pour la réouverture des frontières terrestres avec Sebta et Melilla dans les prochains jours », avait annoncé mercredi le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares, lors d’une réunion à Marrakech de la coalition contre le groupe jihadiste Etat islamique.

A titre de rappel, les postes-frontières avaient été fermés lors de la première vague de la pandémie de Covid-19 au printemps 2020, et maintenus fermés depuis, une crise diplomatique entre Madrid et Rabat et également éteinte, passant par là.

En fait de prochains jours, le ministère espagnol de l’Intérieur a confirmé que les frontières terrestres de Sebbta et Melilla seront rouvertes mardi 17 mai à minuit, mettant ainsi fin aux deux ans et deux mois de fermeture des passages frontaliers. C’est l’agence Europa Press, qui l’a déclarée reprenant  l’annonce faite par le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, lors de l’acte du 178e anniversaire de la Garde civile qu’il présidait.

La date de la réouverture exacte a donc été in fine, communiquée. « La décision est prise, mais il reste des aspects pratiques » à résoudre, expliquait hier le ministre des Affaires étrangères espagnol José Manuel Albares au parterre de journalistes présents.

Ces aspects pratiques, techniques ou opérationnels c’est selon, ont été confiés aux bons soins du ministre de l’Intérieur. Albares a affirmé à ce propos que la « décision politique » de la réouverture avait déjà été convenue avec le Maroc et précisé que « l’accord est désormais définitif ».

Albares n’a pas donné plus de détails sur les conditions d’entrée et de sortie et n’a pas confirmé non plus si l’exemption de visa d’entrée aux présides pour les Marocains résidant à Nador et à Tétouan sera maintenue.  Il a indiqué que la question était inscrite parmi les « aspects opérationnels et pratiques » que l’Intérieur aura à finaliser avec les autorités marocaines,  soulignant « qu’il n’est pas non plus sur la table d’inclure pour l’heure, Sebta et Melilla dans l’espace Schengen ». C’est une « réflexion“ qui a différents acteurs et aspects, nous sommes dans cette réflexion, s’est-il juste borné à dire.

José Manuel Albares a précisé par ailleurs que la réunion de haut niveau entre les deux Royaumes, qui se tiendra au Maroc avant la fin de l’année, définira un nouveau traité d’amitié et de coopération entre les deux pays. Il a souligné qu’une réunion du groupe de travail pour délimiter les espaces maritimes, qui ne s’est pas réuni depuis quinze ans, se tiendra en Espagne en juin.

Cela étant, depuis leur fermeture en mars 2020, avec l’avènement de pandémie, les frontières de Bab Sebta et de Beni Nsar (Melilla) ne se sont ouvertes que le temps de laisser sortir les camping-cars européens « coincés » au Maroc et, pour permettre le retour des migrants de mai 2021 (Sebta).

Aussi, si aujourd’hui on peut se réjouir de part et d’autre de la réouverture des frontières, cela ne sera guère plus comme avant.  D’aucuns, les adeptes du verre à moitié vide, prédisent même la fin du passage quotidien de personnes entre les deux frontières de Sebta (2.500) et Melilla (2.000 ). Une population qui se caractérisait naguère de frontaliers employés dans les deux enclaves et de porteurs de marchandises principalement des femmes mulets désormais débarrassées de leur fardeau et dénuées d’alternatives en même temps.

Cette contrebande rien qu’entre Sebta et Fnideq représentait annuellement entre six et huit milliards de dirhams (entre 570 et 750 millions d’euros), selon les estimations d’un haut placé de la douane. C’est dire ce qu’a été le manque à gagner depuis que les frontières ont fermé.  Mais la livraison des ballots, et l’activité commerçante y afférente  avaient commencé à ralentir dès 2018, quand les autorités marocaines, dans leur ardeur à réglementer le secteur informel dans cette région du nord avaient fermé le bureau des douanes commerciales de Melilla et un an plus tard, mis fin à la contrebande avec Sebta.

Aujourd’hui de l’autre côté de la rive, l’idée est de rouvrir ce bureau de douane à Melilla et d’en installer un à Sebta. La vraie interrogation qui se pose réellement dès lors qu’on réglementera, est-ce que la véritable frontière (Schengen) restera dans les ports comme présentement ou se déplacera-t-elle à Tarajal ou Bab Sebta et Beni Nsar ?

Si la fermeture avait nui au secteur informel dans toutes ses composantes dans les provinces du nord, elle avait également provoqué une « grave crise du commerce » dans les présides, selon la Confédération des entrepreneurs de Sebta (CECE).

Côté sud, il est évident qu’avec les nouvelles définitions d’une sortie de crise, les opportunités d’emploi diminueront ou disparaitront pour de milliers de femmes et de jeunes qui vivaient de l’activité de contrebande. Et ce, même si l’on considère l’apport de la Zone d’activités économiques de Fnideq (ZAEF), une nouvelle zone s’inscrivant dans le cadre du programme de développement économique et social de la province de Tétouan et de la préfecture de M’diq-Fnideq et dans la continuité du projet « Tanger Med ».

Elle a nécessité la mobilisation d’une enveloppe budgétaire de plus de 200 millions de dirhams.  Selon des sources du ministère de l’Intérieur, la zone ne recevra pas de marchandises de Sebta. En effet, la ZAEF importera légalement des marchandises de différents pays du monde.

Que deviendront, le nord, Sebta et Melilla à la réouverture des frontières ? Hespress Français.

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