#Stop222: Le hashtag qui fait fureur après l’arrestation des dé-jeûneurs de Casablanca

Retour du débat sur l’abolition de l’article 222 du code pénal marocain. Une descente policière dans un café de Casablanca mercredi et l’arrestation de nombreux dé-jeûneurs a divisé l’opinion publique, suscitant de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Des défenseurs des libertés individuelles au Maroc ont lancé le hashtag #Stop222 pour abolir cette loi.

Mercredi à midi, la police casablancaise a effectué une descente dans un café de la ville, arrêtant un groupe de jeunes rompant le jeûne ainsi que les employés qui les ont servi. Les faits, les présentent comme des personnes ayant rompu le jeûne « sans motif légitime » en plein mois de Ramadan.

Les clients et les employés du café ont été arrêtés, au milieu d’un grand rassemblement public de citoyens et de journalistes qui assistaient à la soudaine descente. Ils ont été hués et traités de noms d’oiseau.

Cette arrestation a divisé l’opinion publique. Alors que certains ont salué cette intervention en estimant que cela fait partie du respect de la religion et du respect de la « foi collective » des Marocains, d’autres dénoncent ces méthodes, affirmant que la rupture du jeûne ne s’est pas faite sur la voie publique et ont appelé au respect des libertés individuelles dans le pays.

C’est ainsi que le « Collectif 490 des Hors la loi » a haussé le ton dénonçant les méthodes « rétrogrades » des agents de police qui ont vérifié si les jeunes filles arrêtées avaient bien leurs règles avant de les libérer.

Même son de cloche du côté du Mouvement Alternatif des Libertés Individuelles (M.A.L.I) qui lutte depuis plus d’une décennie contre les lois liberticides.

Le hashtag #Stop222 s’est répandu sur les réseaux sociaux, et dans ce contexte, Chakib El Khyari, un militant des droits de l’homme, a déclaré dans un post sur Facebook : « Il faut noter que la rupture du jeûne pendant la journée du Ramadan n’est pas incriminé par la loi pénale s’il existe une excuse légitime, et la jurisprudence est unanime », indique-t-il.

« Il est permis de rompre le jeûne pendant la journée du Ramadan pour le vieil homme, la vieille femme, la femme enceinte, la femme qui allaite, les voyageurs, les malades stressés par le jeûne et ceux qui travaillent dur. Dès lors, pourquoi ces groupes sont-ils privés publiquement de la rupture du jeûne alors que la Charia considère qu’ils ont une excuse légitime ? Est-il raisonnable d’imposer des documents pour prouver l’excuse légitime dans tous ces cas ? », a-t-il ajouté.

De son côté, le gouvernement a commenté l’incident, estimant que l’opération a été menée dans le « respect des exigences légales ».

« La méthode d’arrestation a été effectuée dans des conditions humaines et dans le strict respect de toutes les exigences légales », a déclaré Mustapha Baitas, porte-parole officiel du gouvernement, en réponse aux questions des journalistes lors de la conférence de presse hebdomadaire du conseil de gouvernement, ajoutant : « L’exercice d’une certaine liberté ne devrait pas être nécessaire ».

Au cours de la même séance de questions-réponses, le porte-parole du gouvernement a évité de répondre aux questions sur la possibilité d’abroger l’article 222 du code pénal, et s’est contenté de défendre le mode de détention, qui a suscité de nombreuses critiques.

Cette polémique marque ainsi le retour du débat sur l’article 222 du Code pénal marocain, qui prescrit une peine d’emprisonnement pour tous ceux qui rompent ouvertement et publiquement le jeûne pendant le mois de Ramadan, qui divise le tissu social marocain.

En effet, d’aucuns estiment que l’abolition de cet article entraine un détachement de la modernité et une mise à mort des libertés individuelles. Pour d’autres, cet article est la récompense légale à un acte qu’ils perçoivent comme atteinte à une valeur morale ou religieuse.

L’article 222 du code pénal punit les personnes « musulmanes qui rompent ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan, sans bénéficier de l’une des exceptions autorisées par l’islam ».
Cet ancien débat est animé souvent par deux positions différentes qui se présentent par ceux qui lient la rupture ostensible du jeûne, à la catégorie des libertés individuelles, et ceux qui considèrent que la loi ne criminalise pas la rupture du jeûne en soi, mais criminalise la rupture ostensible du jeûne dans un lieu public.

Cet incident n’est pas une première au Maroc, chaque Ramadan est accompagné de rapports faisant état d’arrestations par la police de dé-jeûneurs en public à travers le pays. Beaucoup pensent que l’interdiction de manger en public pendant le Ramadan est une entrave aux libertés individuelles garanties par l’article 3 de la Constitution marocaine. Selon l’article 3 « l’islam est la religion de l’État, qui garantit à tous le libre exercice des croyances ».

D’autres sont fortement en désaccord avec l’action car elle offense le public, arguant qu’il s’agit d’une violation flagrante du caractère sacré des sociétés musulmanes qui vont à l’encontre de leurs croyances sacrées.

#Stop222: Le hashtag qui fait fureur après l’arrestation des dé-jeûneurs de Casablanca Hespress Français.

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page