
Conflit en Ukraine: Les prix du blé et de l’huile continueront d’augmenter
Le conflit en Ukraine a provoqué une terrible crise mondiale d’énergie, de matières premières et de produits alimentaires de base. Les prix des denrées alimentaires ne cessent d’augmenter particulièrement ceux du blé et de l’huile, et ce n’est que le début, selon les prévisions de la Banque mondiale.
Ensemble, la Russie et l’Ukraine représentent près de 30% des exportations mondiales totales de blé, près de 20% des exportations mondiales de maïs et près de 80% des produits à base de graines de tournesol, y compris les huiles.
L’opération militaire russe en Ukraine a en grande partie interrompu les exportations de céréales de l’Ukraine et affecte la capacité des agriculteurs ukrainiens à planter la récolte de 2022. Les plantations en 2022 devraient y être réduites de près d’un quart.
Selon la Banque mondiale, la hausse des prix de des matières premières alimentaires — dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs — et des engrais, dont la production dépend du gaz naturel, n’a jamais été aussi forte depuis 2008.
La menace de pénurie d’huile de tournesol, sans les exportations ukrainiennes et avec la Russie imposant des quotas et augmentant les taxes à l’exportation, a gonflé les prix la semaine dernière.
Selon la dernière édition du rapport Commodity Markets Outlook publiée par la Banque mondiale, les prix vont se maintenir à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024.
Puis l’annonce par l’Indonésie d’une interdiction des exportations d’huile de palme à partir de jeudi a déclenché la panique sur les marchés. Résultat, l’huile de palme s’est envolée à la Bourse de Kuala Lumpur, et vendredi dernier, l’huile de colza a battu le record absolu en se vendant à 1 081,25 € la tonne sur Euronext.
Selon la Banque mondiale, les prix des produits agricoles devraient augmenter de près de 20% en 2022, puis diminuer également au cours des années suivantes. Cependant, les prix des produits de base devraient rester bien supérieurs à la moyenne des cinq dernières années et, « en cas de guerre prolongée ou de nouvelles sanctions contre la Russie, ils pourraient devenir encore plus élevés et plus volatils que ce qui est actuellement prévu », prévient l’institution.
Selon les prévisions, les cours du blé devraient augmenter de plus de 40% et atteindre un niveau record en valeur nominale cette année, ce qui pénalisera les économies en développement comme celles du Maroc, et de tous les pays de l’Afrique du nord, qui dépendent des importations de blé, notamment en provenance de Russie et d’Ukraine, mais pas seulement, puisque tout le marché international se voit chamboulé à cause du conflit en cours.
Les sanctions et les contraintes imposées au transport maritime ont en grande partie stoppé les exportations russes, sauf par voie terrestre vers les pays amis voisins. Cela fait grimper les prix mondiaux des céréales et des oléagineux et augmente le coût global des aliments.
Les interdictions sur le pétrole russe ont également provoqué des flambées mondiales des coûts énergétiques. Et la Russie et son allié la Biélorussie, qui est touchée par certaines sanctions économiques, sont d’importants producteurs et exportateurs d’engrais agricoles. Les prix élevés des engrais pourraient avoir des répercussions généralisées sur la production alimentaire.
Au Maroc, la dépendance vis-à-vis des produits alimentaires en provenance de Russie et d’Ukraine est estimée à environ 1,9%. Cette estimation comprend la quantité importée de blé, d’orge, de maïs et d’huile de tournesol, selon un rapport publié par la CNUCED il y a quelques semaines.
La Turquie arrive en tête des pays dépendants des produits alimentaires de la Russie et de l’Ukraine avec 25 %, suivie de la Chine avec 23% et de l’Égypte avec 22,6%.
« La guerre en Ukraine a un coût élevé pour l’humanité et entraînera des chocs pour l’économie mondiale, menaçant ainsi les gains réalisés dans la reprise après la pandémie de Corona », a déclaré la secrétaire générale de la CNUCED, Rebecca Greenspan.
Le secrétaire général de la Fondation des Nations Unies a ajouté que « l’Ukraine et la Russie sont des acteurs majeurs sur les marchés des produits agricoles, représentant 53% du commerce mondial sur le marché de l’huile et des graines de tournesol et 27% du blé ».
Rebecca Greenspan a ajouté que « la forte hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant affectera les groupes les plus vulnérables des pays en développement », et n’a pas exclu l’émergence de risques de troubles civils, de pénuries alimentaires et de stagnation causée par l’inflation, en particulier compte tenu de la fragilité de certains Etats, de l’économie mondiale et des pays en développement en raison de la pandémie du coronavirus.
Il est difficile de prédire les effets à long terme des prix élevés des denrées alimentaires, mais l’analyse des données historiques met en évidence certaines tendances potentiellement inquiétantes, car les cycles de prix élevés des denrées alimentaires ont coïncidé avec des événements politiques majeurs tels que les émeutes des prix alimentaires en 2007 et 2008 et le printemps arabe en 2011.
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