Emmanuel Macron sera-t-il un président restreint dans ses pouvoirs?

La réélection d’Emmanuel Macron pour un nouveau quinquennat n’est pas la fin de son combat. A peine s’est-il réjouit de sa réélection que le président doit affronter un nouveau défi crucial pour sa gouvernance qui lui permettra de diriger aisément comme en 2017 ou avec cohabitation. Explications avec Mustapha Tossa, journaliste et politologue basé à Paris.

« Mal élu » pour certains de ses ennemis politiques, Emmanuel Macron qui est devenu dimanche, le premier président français depuis Jacques Chirac à se faire élire pour deux mandats consécutifs, n’a pourtant pas séduit tous les Français.

Arrivé en tête face à son adversaire de l’extrême droite Marine Le Pen, il s’est heurté à un grand nombre d’abstentions et de vote blancs en plus d’un nombre important de Français qui ont voté pour la réélection du président uniquement pour faire barrage au projet du Rassemblement national.

En effet, ils étaient 2,2 millions d’électeurs à avoir voté avec un bulletin blanc ou nul. S’ajoutent à eux, 13,6 millions abstentionnistes représentant 28 % du corps électoral (pour les abstentionnistes).

Ce second tour de la présidentielle en France a démontré qu’il n’y avait donc pas simplement 2 camps, mais 3 et celui des abstentionnistes, s’il avait été comptabilisé, aurait été classé devant Marine Le Pen.

Conscient de cette tendance, le chef de l’Etat français, l’a mentionné dans son discours juste après l’annonce des résultats.

« Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite », a déclaré le président. « Ce vote m’oblige pour les années à venir, je suis dépositaire de leur sens du devoir », a-t-il ajouté.

Pour Mustapha Tossa, Emmanuel Macron a réussi de manière indiscutable à battre l’extrême droite. « Cependant, le résultat du deuxième tour montre une extrême droite extrêmement présente et puissante au sein de la société française, ce qui d’une manière ou d’une autre va compliquer la tâche d’Emmanuel Macron lors de son second mandat. Il aura à gérer ces fractures, ces frustrations et cette tension interne qui ne vont pas s’arrêter avec les présidentiels et vont certainement s’exprimer sur les législatives », a déclaré Mustapha Tossa, dans une déclaration à Hespress FR.

Malgré la victoire éclatante d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, le président français « est promis à 3ème tour qui s’annonce extrêmement effervescent, sulfureux, parce qu’il va falloir aller sur le terrain, arracher une majorité parlementaire confortable qui lui permettra de constituer un gouvernement homogène et pour pouvoir gouverner en toute tranquillité », a-t-il ajouté.

En effet, les élections législatives prévues en juin, donneront une nouvelle fois, la possibilité aux Français de choisir leurs décideurs. Il s’agira ainsi pour une large frange de la population de voter pour le parti politique qui lui semble le plus à même de siéger à l’Assemblée nationale, le Parlement français.

« Le risque pour Emmanuel Macron c’est que tous les gens qui étaient dans l’obligation de voter pour lui afin de faire barrage à Marine le Pen, et qui n’étaient pas convaincus qu’il méritait un second mandat, tous, vont profiter des législatives pour adresser un message de sanction, de revanche pour montrer leur amertume à l’égard de la gouvernance Macron et donc ils risquent de ne pas investir des proches du président », a indiqué M. Tossa.

A en croire les interventions télévisées d’Eric Zemmour, de Marine Le Pen ou encore de Jean-Luc Mélenchon le soir même de l’élection présidentielle, M. Macron ne pourra pas se reposer sur ses lauriers et devra compter avec eux.

D’ailleurs, les indications du leader de gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) pour le second tour, n’avaient pas appelé à voter pour la réélection du président, mais seulement de ne donner « aucune voix à madame Le Pen ».

En juin, si les Français donnent des scores conséquents à d’autres partis politiques que La République en Marche (LREM), le parti présidentiel, cette nouvelle donne serait « quelque chose qui va être terrible pour Emmanuel Macron surtout s’il n’arrive pas à arracher une majorité parlementaire confortable », estime le politologue.

Et de poursuivre: « Il sera dans l’obligation de faire des alliances et des coalitions,, et c’est un exercice auquel Emmanuel Macron n’est pas habitué. Donc c’est très nouveau pour lui et il devra composer avec d’autres forces politiques avec d’autres sensibilités politiques pour pouvoir gouverner une France ingouvernable à cause des profondeurs des problèmes qui l’attendent notamment des problèmes économiques, sociaux ou encore identitaires. Toutes ces fractures là, Emmanuel Macron aura à les gérer ».

Emmanuel Macron sera-t-il un président restreint dans ses pouvoirs? Hespress Français.

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