Mustapha Tossa: Les relations France-Maghreb appelées à changer

A l’annonce des résultats de l’élection présidentielle en France, et la réélection d’Emmanuel Macron, sûr que l’on a poussé un peu partout sur la planète un ouf de soulagement. Et si la satisfaction a été à quelques rechigneurs près, universelle, elle l’a été également au Maghreb ou l’on s’est félicité de la tournure de l’évènement.

Mais pour autant, le vrai examen de cette France, de ce côté-ci de la rive ce sont les législatives dans les deux mois qui pointent déjà à l’horizon. Et pour cause contrairement à son premier mandat, ce coup-ci, l’ancien et le nouveau président pourrait même cohabiter si l’on s’en tient aux résultats du second tour. En effet, on y voit Marine Le Pen grappiller huit points de plus qu’en 2017.

Ceci étant et comme pour ne rien arranger à la chose, leur meilleur ennemi à tous deux, Jean-Luc Mélenchon, s’incruste en pourvoyeur de voix et donc de sièges. Mais là n’est pas la question pour l’heure. On s’interrogera plutôt sur les relations entre Paris et les pays de la rive sud de la Méditerranée pour les refonder sachant en cela, que lors du premier mandat elles n’ont pas été le sens de l’entente parfaite. Elles ont connu des hauts et des bas aussi bien pour le Maroc que l’Algérie, que la Tunisie. La Libye étant en construction on peut dès lors, la considérer à propos hors concours.

Pour cela, Hespress FR a sollicité Mustapha Tossa, journaliste et politologue basé à Paris qui de sa bienveillance nous a éclairé sur le sujet. « Les relations entre la France et les pays du Maghreb sont appelées à connaître une évolution majeure au regard d’un changement de stratégie de Paris. Pour ce qui est de l’Algérie, Emmanuel Macron est plutôt préoccupé par un dialogue mémoriel. Il est question que lors de son second mandat, il va s’investir dans un chemin vers la réconciliation et dans le travail mémoriel initié par Benjamin Stora qu’il compte approfondir ».

Mustapha Tossa, développera dans sa lancée « C’est un dossier dans lequel il veut laisser trace, pour l’Histoire d’autant plus que désormais il n’est plus obsédé pour un troisième mandat et aura donc, tout à loisir de prendre des décisions courageuses. » Passant au Maroc le politologue dira que pour la France, « Il y a matière à évoluer et à oser autre chose en sortant du confort qui consiste à soutenir l’option de l’autonomie comme relation stratégique avec Rabat, sans pour autant aller jusqu’à la reconnaissance totale de la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Cette position était tenable pour la diplomatie française avant la reconnaissance américaine, mais depuis cela et les positions de l’Allemagne, de l’Espagne, la diplomatie française est invitée à réadapter sa position à l’égard du Royaume en fonction de cette nouvelle donne géostratégique ».

Et notre interlocuteur d’étayer ses dires: « Donc, il est tout à fait imaginable que le France puisse décréter une reconnaissance officielle de la marocanité du Sahara. Cela posera une problématique avec le régime algérien qui ne voudra en aucun cas voir Paris prendre le pas de Washington. Mais le courage d’Emmanuel Macron et la détermination dont il peut faire preuve pourront le pousser à surmonter ces obstacles. Cela permettra à la France comme l’Espagne et l’Allemagne de pouvoir participer au sein de l’Europe à l’élaboration d’une position commune sur la marocanité du Sahara quitte à tenter de convaincre l’Algérie qu’il n’y a pas d’autres issues à ce conflit que la solution de l’autonomie proposée par le Maroc ».

Le politologue clôt ce chapitre maghrébin, en indiquant qu’«il y aura d’une manière ou d’une autre, par rapport au Maroc et à l’Algérie, un vrai changement. Je ne sais pas combien de temps cela va prendre dans le mandat d’Emmanuel Macron mais en tous cas, le Maghreb est au cœur des préoccupations françaises. Des préoccupations que l’on trouve d’abord au niveau géostratégique, de l’immigration, de la lutte contre le terrorisme, de la coopération économique et autres. Aussi peut-on envisager sans frémir des actions diplomatiques courageuses d’Emmanuel Macron ».

Enfin, pour Mustapha Tossa une cohabitation en France n’est pas actuellement du domaine du possible et il dira quant à cela, « l’hypothèse d’une cohabitation n’est vraiment pas envisageable car dans le pire des cas, Emmanuel macron aura à composer avec des coalitions. La cohabitation veut dire qu’un parti de l’opposition puisse avoir la majorité au sein du Parlement et imposer la nomination d’un Premier ministre. Statistiquement cela n’est pas concevable car ni Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) ni Marine Le Pen (Rassemblement national), ni un autre parti politique qu’il soit de la gauche traditionnelle ou droite classique, ne peut prétendre aujourd’hui à ramasser dans une France fracturée, la mise et avoir la majorité au sein du Parlement ».

Le politologue conclura avec la politique étrangère de la France: « Le domaine de la politique étrangère, a toujours été l’exclusivité du chef de l’Etat quel que soit le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères. La politique étrangère les rapports avec les pays de l’Europe, du Maghreb et du monde en général est du domaine réservé et exclusif du président de la République. On restera du coup, sur la vision de Macron quant aux enjeux de ces dossiers-là. Emmanuel Macron est dans la disposition d’esprit d’innover, d’aller vers des ruptures par rapport à ce qui existe déjà, pour encourager les accélérations de l’Histoire, notamment sur l’Algérie, le Maroc et l’ensemble des pays du Maghreb ».

Mustapha Tossa: Les relations France-Maghreb appelées à changer Hespress Français.

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