
Enseignement : Où en est le dialogue sectoriel à la veille du 1er mai ?
Malgré l’ouverture d’un dialogue sectoriel avec les syndicats les plus représentatifs du secteur de l’enseignement, le ministère de l’Éducation nationale peine à trouver des solutions concrètes aux problématiques des travailleurs du secteur. Parmi les 40 dossiers en suspens, seuls 4 ou 5 ont été résolus ou sont en cours de résolution.
À l’approche de la célébration de la fête du Travail le 1er mai, des voix se sont élevées pour déplorer l’absence d’une réelle volonté de la part du gouvernement, de répondre aux revendications des mouvements syndicaux.
Abderrazak El Idrissi, Secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), nous confie en ce sens que le dialogue est toujours en cours avec la tutelle et qu’une réunion a eu lieu le mercredi 20 avril au sujet des dossiers en suspens, soit plu d’une quarantaine.
« Il y a eu un cumul de dossiers qui n’ont pas été résolus avec les ministres et gouvernements qui se sont succédés ces dernières années. Certains datent de 2011, notamment ceux concernant les enseignants agrégés, l’indemnisation des enseignants qui travaillent dans les zones difficiles ou reculées, le dossier des enseignants du primaire et du collège et enseignants suppléants qui n’ont pas droit à leur échelle, ou encore le dossier de la nouvelle échelle. Pour ce dernier, il s’agit d’enseignant agrégé recruté à l’échelle 11. En atteignant l’hors échelle après 7 ou 8 ans de travail, l’enseignant reste bloqué sans aucun horizon de promotion« , nous dit encore El Idrissi.
Le 26 avril 2011, rappelle-t-on, un accord avait été conclu entre les syndicats et le gouvernement de l’époque pour mettre en place une nouvelle échelle. Un point qui est en cours de traitement dans le cadre du nouveau statut de 2022, en cours d’élaboration avec le ministère et qui permettra de résoudre plusieurs dossiers, précise notre interlocuteur.
« Le dialogue est toujours en cours avec la tutelle, mais le grand problème que nous exposons souvent en tant que FNE, c’est celui des enseignants dits contractuels. Malheureusement, on nous avait dit à un moment que ces enseignants seront intégrés dans le statut des fonctionnaires de l’éducation nationale. Mais dans sa dernière déclaration, le ministre Chakib Benmoussa a souligné qu’il n’y a pas de différence entre les enseignants contractuels et ceux du ministère, alors qu’il y a une grande différence que ce soit au niveau de la stabilité ou encore la situation« , souligne-t-il.
Selon Abdelrazzak El Idrissi, « le domaine de l’enseignement nécessite justement une certaine stabilité. Un enseignant qui n’est pas stable dans son travail, ne peut pas donner le meilleur de lui-même aux élèves puisqu’il vit dans le stress au quotidien« .
Interrogé sur les enseignants qui profitent justement de cette stabilité pour s’absenter sans être sanctionnés, le SG de la FNE estime qu’il y a des solutions alternatives pour ces cas-là, comme le contrôle et le suivi de ces enseignants par la direction, mais aussi par les inspecteurs.
Cela dit, El Idrissi relève que le secteur de l’enseignement connaît justement un manque énorme en inspecteurs de travail, notant que le taux d’encadrement est trop faible. « On peut trouver un seul inspecteur d’arabe dans toute une province. Il doit contrôler les collèges et les lycées, ce qui est infernal« , soutient-il.
Indifférence totale face aux grèves
Ces dernières années, les grèves dans le secteur de l’enseignement se sont accentuées à cause de la non-résolution de plusieurs dossiers des travailleurs. Selon El Idrissi, le ministère, le gouvernement et l’Etat ont fait marche arrière et « estiment qu’il faut calmer le jeu« . Il déplore néanmoins « une indifférence totale en ce qui concerne les grèves car, dit-il, on peut faire des grèves tant qu’on veut, cela n’impacte en rien le gouvernement et l’Etat« .
Pour revenir au dialogue sectoriel qui est toujours en cours, le SG de la FNE nous indique qu’il y a des dossiers qui ont été résolus, mais qui sont hérités des anciens gouvernements, et sont traités depuis. Aujourd’hui, ils ont été finalisés ou presque.
Il cite comme exemple le dossier des administrateurs pédagogiques (directeurs, surveillants généraux, les chefs de centres des classes préparatoires …) qui a été résolu en grande partie, malgré quelques points qui restent à traiter.
Puis, il y a le dossier des conseillers en planification de l’éducation et les conseillers en orientation dont le dossier a été résolu partiellement, mais reste encore des problèmes à régler. Il y a également le dossier des enseignants qui travaillent hors cycle. Par exemple, un enseignant du primaire ou du collège qui enseigne dans le qualifiant.
Et enfin, le dossier des diplômés qui ont le Master. Ces derniers ont besoin d’un changement de cadre en plus d’une promotion à l’échelle 11 (Il est en cours de résolution, un décret a été élaboré), nous confie-t-il.
À la veille du 1er mai, le SG de la FNE a plusieurs espérances. La première bien évidemment concerne l’éducation dans notre pays qui selon lui, doit être la priorité des priorités chez tous, sans exception, à savoir l’état, le gouvernement, le ministère, les syndicats, les secteurs concernés, les parents d’élèves, la presse, etc.
« Pour que notre pays avance, on doit tous se dire qu’il faut prendre soin de l’enseignement et le réhausser. Sans enseignement, on arrivera à la fin de la vision stratégique de 2030, ou encore la fin de 2035 (NMD), ou 2040 (le fameux papier de la BM), en refaisant le même diagnostic. On souffre toujours d’analphabétisme, de déperdition scolaire, de pénurie dans les cadres de l’enseignement et de la direction que ce soit d’un point de vue qualitatif ou quantitatif, etc », met en avant le syndicaliste.
Pour conclure: « On restera donc dans un cercle vicieux, alors que des pays qui ont entamé des réformes juste après nous ont réussi, au moment où le Maroc est toujours au point mort. Notre classement au niveau mondial est parmi les derniers. D’ailleurs, il y a des pays qui vivent la colonisation et la guerre, mais qui nous devancent en la matière« .
Enseignement : Où en est le dialogue sectoriel à la veille du 1er mai ? Hespress Français.