
France-Présidentielle: Macron et Le Pen, deux candidats que tout oppose
A deux jours du second tour de l’élection présidentielle en France, le match retour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen se corse. Le débat télévisé a permis de rendre compte des différences extrêmes entre les candidats ainsi que leur programme. Mais aucun des deux ne semble convaincre une partie de l’électorat français. Les réponses avec Mustapha Tossa, politologue et journaliste basé à Paris.
« Emmanuel Macron n’est plus l’homme neuf, l’homme surprise de 2017 quand il a déboulé comme une commette sur la scène politique française avec sa jeunesse son dynamisme, toutes ses idées nouvelles qu’il promettait », a déclaré notre interlocuteur en expliquant pourquoi le président a du mal à convaincre pour un second mandat.
« Aujourd’hui, il a été 5 ans au pouvoir et les Français le regardent en lui demandant un bilan. Et le bilan est mi-figue mi-raisin », a-t-il affirmé en ajoutant qu’il y a « ceux qui veulent voir le verre à moitié plein » et estiment qu’Emmanuel Macron a pris sur le plan économique « des initiatives extrêmement importantes pour sauver l’économie française lorsqu’elle a affronté les effets de la pandémie de la Covid-19 ».
« Il a milité sur le plan français et européen pour les travailleurs et les entreprises ne perdent pas d’argent, et ne tombent pas, ne déposent pas le bilan. Et, ça a été perçu comme quelque chose de positif pour Emmanuel Macron », a-t-il ajouté.
Il a aussi mobilisé tous les pays européens avec Angela Merkel, pour faire passer le fameux Pacte européen qui prévoit des milliards d’euros pour sauver l’économie européenne des effets de la pandémie, a rappelé le politologue en affirmant que sur ce plan-là « on peut lui être reconnaissant ».
Néanmoins, le bilan négatif d’Emmanuel Macron se caractérise par certains phénomènes sociaux, comme la crise des gilets jaunes ou encore les antivax notamment dans le secteur médical où 15 000 personnes ont été « suspendues », car refusant de se faire vacciner contre le coronavirus.
« Sur sa manière de gérer les gilets jaunes, sa manière de mépriser les représentants traditionnels de la vie politique française, sa manière de travailler pour que devant lui il n’y ait que l’extrême droite afin que ça lui fasse un boulevard pour une réélection… toute cette stratégie-là peut faire l’effet boomerang et pousser un certain nombre de Français très mécontents à choisir sa concurrente plutôt que lui donner leur confiance », a estimé Mustapha Tossa.
Selon lui, il existe un risque qu’Emmanuel Macron « paye un bilan négatif par rapport à toutes ses décisions et sa stratégie politique ».
« Il y a des gens qui lui en veulent beaucoup à Emmanuel Macron. Ils lui disent que c’est lui qui a fait que l’extrême droite est aujourd’hui aux portes du pouvoir à cause de sa politique et sa stratégie machiavélique de vouloir absolument s’isoler dans cette compétition avec l’extrême droite pour être sûr selon lui, de gagner », a ajouté notre source.
Ces derniers jours, la campagne du président candidat à sa réélection s’est axée également sur le pouvoir d’achat comme la concurrence qui a cherché à se montrer comme le rempart à la situation actuelle, celle qui serait proche des préoccupations des citoyens.
Les deux candidats se sont lancés des invectives à distance lors de leurs déplacements et meetings de campagne. Emmanuel Macron « a choisi de rediaboliser Marine Le Pen », selon notre interlocuteur.
« Lui et son équipe concentrent toutes leurs forces pour dire +attention Marine Le Pen et l’extrême droite sont un danger pour la République, pour la paix civile, pour la démocratie française ».
Et Mustapha Tossa d’expliquer que par exemple lorsque Marine Le Pen promet de gouverner par référendum et de changer la Constitution « ça veut dire qu’elle va briser un certain nombre de tabous, passer en force, et commettre ce que les juristes appellent un coup d’Etat institutionnel », et pour Emmanuel Macron « son seul point fort c’est justement le danger et les menaces que fait peser l’extrême droite sur la société française et l’architecture institutionnelle française ».
Depuis un certain temps, il tire à boulets rouges sur Marine Le Pen, et ses lieutenants font tout pour montrer le visage hideux, le vrai visage de l’extrême droite et dire aux Français que si jamais ils lui accordent leur confiance (à Marine Le Pen) c’est vers l’abîme qu’elle dirigera la France, et aussi dans l’insécurité, l’instabilité, et le sous-développement, a poursuivi le politologue, observateur de la scène politique française.
En effet, le programme de la candidate d’extrême droite avec lequel elle tente de séduire les Français, comporte plusieurs incohérences, des mesures impossibles à mettre en pratique.
C’est le cas notamment d’une de ses mesures phares, qui consisterait à « baisser de manière pérenne la TVA sur l’énergie de 20 % à 5,5 % », et cela devrait toucher le carburant, le gaz, l’électricité et le fioul. Sauf qu’en pratique, la taxe est fixée à 20 % et est régie par le droit européen qui ne prévoit pas de baisse en dessous de 15 %.
En d’autres termes, cette promesse est inapplicable ou alors, il faudrait que la France sorte de l’Union européenne pour pouvoir changer ces taux, sauf que le programme de Marine Le Pen de 2021 ne parle pas de cette éventualité sur papier, et c’est là où Emmanuel Macron l’accuse d’avoir un programme caché.
Car en 2017, la sortie de l’euro était au centre de son programme et Emmanuel Macron lui avait signifié les dangers encourus d’une sortie. En 2022, Marine Le Pen n’affiche pas son intention de sortir de l’euro, mais ses promesses indiquent qu’elle le projette.
C’est ainsi que lors du débat de l’entre-deux tours, mercredi, Emmanuel Macron l’accusée de « mentir sur la marchandise » et de porter un « projet qui ne dit pas son nom, mais qui consiste à faire sortir de l’Europe ».
Sur la hausse des salaires, également la candidate promet de les augmenter de 10 % alors qu’Emmanuel Macron revendique le recours au dispositif de primes versées par les entreprises, et qui seraient défiscalisées jusqu’à 6 000 euros.
Le président-candidat lui a rappelé « mais vous n’administrez pas les salaires, Mme Le Pen ! » et d’ajouter « je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent qu’avec vous, leur salaire va augmenter de 10 %, ce n’est pas automatique ».
Sur l’international, en l’occurrence le dossier de l’Ukraine, encore une fois, Emmanuel Macron a montré le double visage de Marine Le Pen et ses mensonges. Si devant les médias et les Français, aujourd’hui elle dit vouloir soutenir les aides apportées à Kiev et aux sanctions contre la Russie, les députés du Rassemblement national (RN) ont voté contre.
« Vous avez été, je pense, l’une des premières responsables politiques européennes, dès 2014, à reconnaître l’annexion de la Crimée (par la Russie, NDLR). Vous l’avez fait pourquoi ? Et je le dis avec gravité ce soir, parce que, pour notre pays, c’est une mauvaise nouvelle : parce que vous dépendez du pouvoir russe et que vous dépendez de M. Poutine », a tancé le président, et rappeler que le RN a contracté, en 2014, un prêt auprès d’une banque russe « proche du pouvoir » de M. Poutine.
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