Transport routier : Aide de l’Etat, effet boomerang, contrôle des prix, Abdelillah Hifdi dit tout

Le soutien accordé par l’Etat aux professionnels du transport routier en raison de la hausse des prix des carburants a eu un effet boomerang sur ces derniers, en particulier les professionnels du transport international. La Fédération nationale du Transport multimodal (FNTM) avait même appelé les professionnels à un arrêt de travail le mercredi 6 avril. Mais l’intervention du patron de la CGEM auprès de la tutelle pour « rapprocher les points de vue » a permis de soutirer un engagement officiel de la part du ministre du Transport pour l’élaboration d’un projet de loi pour l’indexation du prix du transport (indice du diesel). Les détails.

Malgré le soutien accordé aux professionnels du transport routier pour faire face à la flambée des prix des carburants, la FNTM affiliée à la CGEM avait appelé à une grève le mercredi 6 avril. Les raisons de cette escalade sont diverses. Il y a d’abord la flambée des prix des carburants qui n’arrête pas, la non-réglementation de l’indice du diesel, problème avec les clients en raison de la hausse, et le soutien de l’Etat versé d’un seul coup (entre 1.600 et 7.000 DH pour chaque véhicule) et qui ne suit pas ce rythme haussier.

Ainsi, et après l’intervention du président de la CGEM, Chakib Alj, le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a convié la Fédération nationale du Transport multimodal au dialogue le mardi 5 avril. Au cours des discussions, le ministre s’est engagé à l’élaboration d’un projet de loi sur l’indexation des prix du transport aux prix du carburant, et le soumettre au Parlement et aux procédures d’approbation.

Joint par Hespress Fr, Abdelillah Hifdi, président de la FNTM et conseiller CGEM à la Chambre des conseillers nous explique pourquoi la fédération a appelé à la grève au tout début, alors que les aides de l’Etat viennent à peine d’être versées.

« La flotte internationale a une spécificité. Les professionnels sont obligés aujourd’hui de s’alimenter au carburant en Espagne ou France, mais pas au Maroc, en raison d’une loi qui interdit aux flottes marocaines d’arriver sur leur territoire les citernes pleines, avec une réserve de 200L de carburant seulement. Si un véhicule arrive d’Algésiras avec plus de 200L de réserve, il est verbalisé à hauteur de 700 euros », nous explique Hifdi.

Concernant les aides fournies par l’Etat, notre interlocuteur déplore ce versement réalisé en « One Shot » (d’un seul coup) », avant de préciser que cela ne couvre même pas la moitié de la hausse subite par les professionnels.

« Aujourd’hui, nous sommes obligés de nous alimenter en diesel de l’Espagne et de France, où il coûte 2,30 euros/L (25 DH/L). Nous avons un peu fait les comptes. Prenons l’exemple du trajet Maroc-Perpignan en France. Nous avons constaté une hausse de 8000 DH de diesel. Si un transporteur fait trois rotations par mois, cela fait 24.000 DH de plus », explique Hifdi.

Face à cette situation, les professionnels du transport routier estiment aujourd’hui « qu’ils sont gagnants lorsque leurs véhicules sont en arrêt et perdants lorsqu’ils sont en marche », nous confie notre interlocuteur.

Ainsi, la grève à laquelle avait appelé la Fédération était plus « un SOS lancé par la profession vis-à-vis des institutionnels, de son environnement, et vis-à-vis de ses clients aussi qui font la sourde oreille face à cette situation », soulève le conseiller CGEM à la 2e chambre.

Toujours en ce qui concerne l’aide de l’Etat, Hifdi estime que ce soutien a eu un effet « boomerang » sur les professionnels du transport routier, notamment dans leurs relations avec leurs clients.

« Lorsque nous discutons avec nos clients de manière pédagogique, on essaye de les sensibiliser à la situation actuelle, ils nous disent qu’il faut qu’on baisse nos tarifs parce qu’on a reçu le soutien de l’Etat. Voilà pourquoi le soutien a eu un effet boomerang voir dévastateur sur la profession », fait-il observer.

Le SOS des professionnels du transport routier a été donc entendu par la tutelle qui s’est engagée à l’élaboration d’un projet de loi sur l’indexation des prix du transport aux prix du carburant.

« Le but de ce projet est que le gouvernement, la Fédération ou encore la CGEM ne servent plus de caisse de résonance des perturbations et des problèmes que connaît le secteur à chaque fois qu’il y a une hausse des prix des carburants. Cette indexation et cette réglementation résoudront tout cela », a-t-il ajouté.

En marge de la rencontre avec le ministre de tutelle mardi, les problèmes de respect des délais de paiement des échéances de crédit aux organismes financiers ont également été évoqués. Une réunion sera donc programmée dans les prochains jours avec le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaâ, et les organismes bancaires (Groupement professionnel des banques du Maroc) en plus des représentants de la Fédération dans le but de trouver des solutions pratiques à ce problème de paiement des échéances de crédit (leasing), nous confie le président de la FNTM.

Ainsi, le ministère du Transport et les syndicats se sont engagés à travailler ensemble, et sur le long terme, pour la restructuration et la réorganisation du secteur, notamment les problèmes liés à l’informel, le contrôle, l’accès à la profession, détonnage, surcharge de même que la mise à niveau des acteurs du secteur. Une série de réunion aura donc lieu prochainement pour élaborer une feuille de route commune, conclu Hifdi.

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