GIEC : Rachid Mrabet prône l’agriculture écologique pour sauver la planète

« Les demi-mesures ne sont plus une option », a insisté le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) lors de la sortie du nouveau rapport, lundi 4 avril 2022. En effet, les experts de l’ONU y rappelaient qu’il n’est pas trop tard pour lutter contre le changement climatique, mais que chaque « retard supplémentaire » amenuise les chances humaines de construire un avenir vivable.

L’appel est on ne peut plus clair, tous les secteurs doivent être mis à contribution pour réduire les émissions de gaz, insiste le groupe d’experts. Et s’il en est un de particulier mis à part ceux de l’énergie et des transports, c’est celui de l’agriculture qui d’une sournoiserie arrive à se faire passer quelque peu inaperçu. Mine de rien l’agriculture pèse près du quart (entre 22 et 24 %) des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). L’énergie et les transports ne sont donc, pas les seuls responsables du changement climatique. Qu’on se le dise, l’agriculture, ce secteur économique essentiel, de ses animaux et de ses cultures champêtres, contribue lourdement au réchauffement de la planète.

Rachid Mrabet, Docteur en philosophie et directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) au Maroc, est un de ses experts ayant participé à l’élaboration du dernier rapport du GIEC, finalisé en son troisième volet lundi dernier. Il a en effet, coordonné le chapitre 7, consacré au secteur de l’agriculture, de la foresterie et des autres affectations des terres (Afat, ou Afolu en anglais). Conciliant rigueur scientifique et engagement, Rachid Mrabet explique en quoi la révolution agroécologique est une réponse concrète, réalisable et globale aux divers fléaux de la planète. En dressant un focus précis sur la question, le directeur de recherche de l’INRA aura abordé le stockage du carbone, le changement des modes de production agricole et décrit les modifications de nos consommations alimentaires comme les grandes solutions pour réduire l’empreinte carbone de l’agriculture qui fait partie du podium des secteurs les plus polluants, l’énergie et l’industrie.

Selon le docteur en philosophie et directeur de la recherche à l’INRA, tous les problèmes qui en découlent sont liés, leurs solutions ne peuvent plus être étudiées séparément. Pour nourrir les 10 milliards d’habitants en 2050, il va devoir concilier la sécurité alimentaire de cette humanité avec la nécessité, tout aussi vitale, de reconstituer des espaces verts gigantesques pour en faire des puits de carbone efficaces histoire d’atteindre neutralité carbone à cette date, selon les ambitions climatiques. Il reste optimiste quant à cela et indique que des pistes d’atténuation pour le réchauffement existent comme en tout cas pour celui de l’agriculture à l’instar des autres secteurs.

Cette dernière offre un plus grand paquet d’options et il peut réduire les émissions en tant que secteur à part entière et à moindres frais. Pour Rachid Mrabet, fervent défenseur de l’agroécologie, c’est là, la meilleure façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. Par exemple pour le système forestier : entre 4,2 et 7,4 Gt d’équivalent CO2 par an peuvent être résorbés en faisant des reboisements ou en ayant une meilleure gestion des forêts et en limitant la déforestation surtout en zone tropicale. Une gestion plus durable et améliorée des sols, qu’ils soient pastoraux ou agricoles, ainsi qu’à l’élevage et les rizières doit-être de mise selon Mrabet. Mais aussi l’agroforesterie, l’agriculture de conservation, l’agriculture biologique qui permet de récupérer de la matière organique dans le sol et par conséquent de stocker du carbone. Ce sera à peu près entre 1,8 et 4,1 Gt qui chaque année ne seraient pas émis dans l’atmosphère.

Mais pas que pour notre spécialiste de l’agroécologie des plus reconnus, il y a également tout ce qui touche aux régimes alimentaires et à nos comportements individuels (malbouffe, pollution, réchauffement climatique, perte de biodiversité, inégalités mondiales, gaspillage alimentaire ou migrations contraintes…). Cette conduite se doit d’être plus saine, plus équilibrée, plus durable et davantage basée sur la consommation végétale qu’animale. Cela représente une bonne source d’atténuation, d’environ 2,1 Gt. Un paquet d’options, selon le directeur de recherche qui permettrait de réduire entre 20 et 30 % les émissions pour rester sous un réchauffement de 2 °C.

GIEC : Rachid Mrabet prône l’agriculture écologique pour sauver la planète Hespress Français.

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page