Enseignants contractuels : « Les verdicts prononcés ne feront pas reculer la lutte »

Le comité de soutien et de défense des enseignants contractuels poursuivis a tenu une conférence de presse ce mardi 5 avril au siège de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). 

« Tous pour faire tomber les poursuites judiciaires et les jugements fictifs à l’encontre des enseignants contractuels », tel était le thème de cette conférence de presse animé par Othmane Rahmouni, enseignant poursuivi en justice lors des manifestations du 6 et 7 avril 2021, Abdelillah Abdesslam, de la coalition marocaine des instances des droits de l’homme, un membre du comité de contrôle, ainsi que le comité de défense des enseignants contractuels composé d’Abderrahim Boussouf et Abdeslam Chaouch.

« Les enseignants sont connus pour leur pacifisme lors des protestations. Sauf que l’état a toujours essayé de casser leur volonté, et son but n’était pas d’interrompre une marche ou une protestation. La poursuite contre 45 enseignants (e), soit en état d’arrestation, en sursis, ou paiement de pénalité, est une tentative de frustration des autres enseignants attachés à lutte pour l’intégration dans la fonction publique. Ils veulent casser ce mouvement des enseignants à travers ses poursuites. Mais cela ne fera pas reculer notre lutte », a déclaré Othmane Rahmouni.

Selon un enseignant poursuivi lors d’une récente protestation, « l’état se dirige vers la vente des services sociaux, en levant la main sur ses services de manière générale », notant qu’il s’agit d’une « guerre qui inclut tout le monde et non seulement les 100.000 enseignants ».

« C’est une guerre contre l’école publique, et les droits qui étaient à la portée des Marocains. Aujourd’hui, il y a une attaque dangereuse contre la fonction publique pour y mettre fin. Il se dirige vers la privatisation de l’enseignement accompagné d’une tentative de vente de tous les secteurs publics », a exprimé cet enseignant.

Concernant le dossier des enseignants contractuels arrêtés les 6 et 7 avril 2021, le tribunal de première instance de Rabat avait rendu son verdict dans cette affaire, condamnant 32 des 33 professeurs arrêtés à 2 mois de prison avec sursis pour « attroupement non armé, outrage et violences envers un agent de la force publique et violation de l’état d’urgence sanitaire ». Seule Nezha Majdi a écopé de 3 mois de prison ferme pour « outrage envers un corps constitué », après avoir dénoncé en mars dernier le harcèlement sexuel qu’elle aurait subi de la part des forces de l’ordre.

Son avocat, Me Abdeslam Chaouch, du comité de défense a fait savoir que Nezha avait été isolé des autres enseignants lors de l’annonce du verdict. « Cela a permis de prononcer la prison ferme à son encontre, et faire plaisir à la police. Parce qu’il n’y a aucune différence entre son dossier et celui des autres enseignants qui ont pris sursis », a-t-il soutenu au siège de l’AMDH ce mardi.

Interpellé par un journaliste sur la « pression » subie par le Maroc par la Banque mondiale et les organismes internationaux bailleurs de fonds pour faire baisse la charge salariale en passant les enseignants sous contrat auprès des AREF, Me Chaouch a affirmé que lorsque ce point est évoqué au tribunal, il n’a pas un si grand impact.

« On en parle généralement en marge des discussions qui ont lieu au tribunal. Lorsque ce point est abordé, ils disent que ce processus de contractualisation est devenu une règle mondiale généralisée pour que l’individu sous contrat, soit il s’engage aux termes du contrat, soit on annule ce dernier. Et c’est une sorte de diligence du capitalisme sauvage qui estime qu’il faut engager une personne pour faire une tâche spécifique sinon on la remplace. Ça se passe comme ça dans l’armée américaine. Mais il s’agit de mercenaire qui réalise des missions spécifiques pour l’armée. Est-ce que l’état veut transformer ses enseignants(e) en mercenaires ? », s’est-il demandé.

En gros, et selon ce membre du comité de défense des enseignants contractuels, « on ne pourra jamais lutter contre le chômage avec cette politique adoptée par l’état ».

Pour sa part, Othmane Rahmouni, enseignant contractuel, a insisté sur la constante et l’attachement des enseignants contractuels quant à la légitimité de leur dossier. « C’est une affaire qui ne nous concerne pas uniquement en tant qu’enseignants(e), mais qui concerne les enfants des Marocains, la gratuité de l’enseignement et le droit à la fonction publique pour nous et pour toutes les générations futurs », a-t-il conclu.

Enseignants contractuels : « Les verdicts prononcés ne feront pas reculer la lutte » Hespress Français.

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