Ramadan et gaspillage : Ardeur enthousiaste à la consommation

Il est d’usage qu’à la veille du mois sacré de Ramadan en particulier et à chaque célébration religieuse en général, les marchés, supermarchés et autres espaces commerciaux soient bondés. Pour le mois de jeûne, la fréquentation des étals surtout pour ceux ayant trait aux produits alimentaires est à son summum. Malgré que ce Ramadan soit marqué par un contexte d’inflation peu coutumier et en dépit du recul du pouvoir d’achat d’une belle partie de nos concitoyens, les Marocains ne s’empêchent pas d’acheter.

Si le Ramadan est connu pour en être un mois à forte hausse de consommation alimentaire, il rime également avec gaspillage de denrées. Selon des études du Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) et de la FAO, près de la moitié des Marocains (45,1%), bon an, mal an, jettent entre 6 à 51 dollars par mois soit environ 60 à 500 DH, durant le mois sacré. En Afrique du nord en moyenne 210 kilos sont gaspillés par individu en un an. 85% le sont par le producteur ou le commerçant et 15% par le consommateur. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) déplore quant à elle que « chaque Marocain confie annuellement 91 kg d’aliments à la poubelle », alors que 2/3 des ménages dépensent en dessous de la moyenne. Toujours selon la FAO, chaque année, un tiers des denrées alimentaires produites dans le monde sont perdues ou gaspillées, alors que près d’un milliard de personnes n’ont pas suffisamment à manger.

Mais revenons à ce mois de carême, où le gaspillage prend de l’ampleur et où même des produits nobles sont jetés à la poubelle. Pourtant Ramadan, se veut-être un mois sacré et spirituel et une occasion pour les familles de renforcer les liens sociaux en se réunissant chaque soir autour de la table. C’est aussi et par voie de faits un mois de gourmandise et malheureusement de gaspillage. Ce qui est jeté impacte le panier de la ménagère, l’économie de l’Etat et les ressources naturelles et représente un risque pour l’environnement parce que non traité.

Cela étant, le gaspillage alimentaire qui connaît une flambée pendant le Ramadan du fait que les habitudes du consommateur changent pendant ce mois sacré, débute avec la frénésie des achats a tout va pour le préparer. Nos traditions et coutumes créent une demande accrue sur divers produits d’où une culture de consommation spécifique à ce mois et qui parfois est bien excessive. D’autant plus que durant le mois de Ramadan, plus que les autres, nos autorités ont de tous temps veillé à ce que le marché national soit approvisionné, en quantité « considérable » des produits alimentaires de large consommation et ceux spécifiques à ce mois sacré.

Aussi un bouleversement total saisit les consommateurs à la veille du Ramadan et le rythme des achats s’accélère vertigineusement  et l’on ne maîtrise plus vraiment son budget. L’on assiste alors chez les consommateurs marocains à une frénésie d’achat dans l’alimentaire voire l’électro-ménager tant et si bien qu’elle  franchit sans frémir le seuil de ce que peut habituellement tolérer la bourse. Et vas-y que je me précipite et au diable les dégâts financiers aux étals de la farine, de la tomate, des œufs, du lait, des épices … ou que je me prenne  à acheter des bols et cuillères, voire un four ou même une télé, pour conjurer le sort et présager Ramadan karim. Consommer excessivement  et acheter à profusion à l’emporte-pièce ne s’avère bon que moralement.  Il serait cependant plus sage, d’adopter la rigueur et la vigilance face à cette boulimie à ce phénomène qui peut s’avérer néfaste et pour la bourse et pour la santé lors du Ramadan où malheureusement les maladies gastriques se font plus fréquentes que tout au long de l’année.

Ramadan et gaspillage : Ardeur enthousiaste à la consommation Hespress Français.

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