Ukraine: la situation sur le terrain au 38e jour

Toute la région de Kiev est repassée sous contrôle ukrainien, après le retrait des forces russes de villes-clés situées près de la capitale, affirme Kiev au 38e jour de l’opération militaire russe en Ukraine.

Les forces russes opèrent un « retrait rapide » des régions de Kiev et de Tcherniguiv, dans le nord de l’Ukraine, avec pour objectif de se redéployer vers l’est et le sud, a estimé samedi un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak.

Voici un point de la situation, à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

Kiev et le Nord

Les Ukrainiens ont repris le contrôle de la totalité de la région de Kiev après le retrait des forces russes de villes-clés situées près de la capitale, a annoncé samedi la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar.

Les localités d’ »Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev ont été libérées de l’envahisseur », a affirmé Mme Maliar sur Facebook.

L’Ukraine a confirmé que les forces russes opéraient un « retrait rapide » des régions de Kiev et de Tcherniguiv, dans le nord du pays, afin de mieux « garder le contrôle » des « vastes territoires » qu’elles occupent dans l’Est et le Sud.

A Boutcha, au nord-ouest de Kiev, où un journaliste de l’AFP a vu samedi les cadavres d’au moins vingt hommes en vêtements civils. Près de 300 cadavres ont au total été enterrés « dans des fosses communes », a déclaré à l’AFP son maire Anatoly Fedorouk.

Samedi matin, le ministère britannique de la Défense avait fait état d’un départ probable des forces russes de l’aéroport de Gostomel, « où des combats se déroulaient depuis le premier jour du conflit ».

Pour l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), Moscou a également « abandonné l’effort de prendre Kharkiv », la deuxième ville d’Ukraine, au Nord, pilonnées depuis des semaines.

Ses nouveaux objectifs sont de « viser les forces ukrainiennes » sur place et de « rouler vers le Sud-Ouest » pour « rejoindre les forces russes » massées dans le territoire de Lougansk.

L’Est et le Sud

« Il est tout à fait clair que la Russie a choisi une autre tactique prioritaire », a écrit le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur la messagerie Telegram: « se replier vers l’Est et le Sud » pour « garder le contrôle de vastes territoires occupés » et y « dicter durement ses conditions ».

Selon le chef de l’administration militaire de la région de Donetsk, Pavel Kyrylenko, l’armée russe a de nouveau bombardé dans la nuit la région de Donetsk, dans le Donbass, avec des bombes au phosphore dans certains endroits. Deux enfants sont morts suite à des frappes dans la région voisine de Lougansk, selon les services d’urgence.

Les forces russes, « après l’échec des opérations pour prendre Kiev et d’autres villes ukrainiennes majeures en mars », « cherchent à prendre l’entièreté des territoires de Lougansk et Donetsk », estime l’ISW.

Toujours d’après l’institut américain, les troupes de Moscou ont « capturé Izioum » (Nord-Est) vendredi « après trois semaines de combat » et elles « devraient prendre Marioupol dans les jours prochains, même si elles continuent d’y souffrir de lourdes pertes ».

Port stratégique du Sud-Est du pays, sur la mer d’Azov, Marioupol reste assiégé et pilonné sans relâche. Au moins 5.000 personnes ont péri et 160.000 civils seraient toujours bloqués, selon des sources ukrainiennes.

Vendredi, « les couloirs humanitaires ont fonctionné dans trois régions: Donetsk, Lougansk et Zaporojie. Nous avons réussi à sauver 6.266 personnes, dont 3.071 de Marioupol » a affirmé le président Zelensky dans la nuit de vendredi à samedi.

A Kherson (sud), seule grande ville ukrainienne contrôlée par les forces russes, celles-ci « ne devraient pas conduire d’opérations offensives dans un futur proche », selon l’ISW, pour qui elles tenteront plutôt de défendre le territoire qu’elles contrôlent autour de Kherson face aux contre-attaques ukrainiennes.

L’Ouest et le centre

Des infrastructures ont été frappées Dnipro ainsi qu’à Krementchouk (centre), siège de la plus grande raffinerie de pétrole ukrainienne, a indiqué la présidence du pays, tandis que le ministère russe de la Défense annonçait samedi matin avoir détruit avec « des armes de haute précision » des dépôts d’essence et de carburant diesel de la raffinerie.

Bilan humain

Aucun bilan précis et récent des victimes civiles n’est disponible mais il atteint à l’évidence – et à minima – plusieurs milliers.

Sur le plan militaire, les fourchettes sont extrêmement larges. La Russie a reconnu la semaine passée la mort de 1.351 soldats pour 3.825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

Les sources occidentales parlent à l’unisson de plusieurs milliers de morts côté russe, Kiev allant même jusqu’à 12.000.

Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a évoqué le 12 mars « environ 1.300 » militaires tués. Un chiffre là aussi peu significatif.

Réfugiés et déplacés

Le conflit a déjà contraint plus de 4,1 millions d’Ukrainiens à fuir leur pays, selon l’ONU.

Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour se réfugier dans les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine.

L’ONU estime à près de 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays.

Ukraine: la situation sur le terrain au 38e jour Hespress Français.

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