Alternative au gaz russe, l’Algérie dans ses petits souliers

Avec la guerre qui fait rage entre la Russie et l’Ukraine, dire que le « Vieux continent  cherche désespérément gaz » reste une lapalissade que bien peu apprécient en Europe qui en importe environ 40 % de sa consommation de la Russie. Et pour le remplacer, cela devient un véritable casse-tête.

Elles sont des solutions certes, mais à quel prix, et qui la fournira ? Ils sont des pays exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), notamment les Etats-Unis et le Qatar mais pour autant ont-ils la capacité de ravitailler à satiété cette Europe si énergivore. Autre alternative, de proximité celle-là puisqu’elle se trouve tout juste à quelques brasses sur la rive sud, de la Méditerranée, l‘Algérie. Mais n’en déplaise au nom imprononçable du président et de son parrain le général en couches, il sera difficile de pallier une chute des approvisionnements venant de Russie.

Forte demande intérieure, baisse des investissements…  et la fermeture du GME, les exportations de gaz algérien sont déjà bien à la peine avec l’Espagne pour pouvoir approvisionner le marché européen en volumes de gaz additionnels. Le gaz fait partie des sanctions, arme de dissuasion à la frénésie russe à défaut de prendre d’autres armes. Aussi l’approvisionnement russe à l’Europe va  s’interrompre et ouvrir ses vannes à la Chine bien friande en la matière et qui déjà preneuse et en bon charognard va s’en délecter. La Russie réalise 70 % de ses recettes à l’exportation en gaz auprès de ses clients européens du tout bon et à moindre prix pour l’Empire du milieu. Mais revenons à l‘alternative du gaz algérien qui ne peut en aucun cas, être d’un quelconque secours dans l’affaire.

Dernièrement lorsque la diplomatie américaine a négocié avec les dirigeants de l’italien ENI associé à Sonatrach afin d’obtenir pour des clients européens plus de gaz en provenance d’Algérie un dirigeant algérien chauffé par le régime d’Alger a eu ce commentaire, « il faudrait déjà nous demander notre avis et vérifier si nous voulons le faire ». Pourtant pour peu d’efforts, l’aubaine est palpable par ces temps qui courrent. Il y a quelques parts de marché à grignoter en plaçant quelques quantités de gaz naturel liquéfié (GNL) sur les terminaux nord-européens. Cela pourrait faire du bien là où ça fait mal,  la présidence imprononçable, fait face grave, actuellement, à la fonte de ses réserves de changes en devises. Mais qu’on se le dise il n’est pas dans sa capacité de rivaliser ni, avec Qatar ni, les Etats-Unis ou l’Afrique subsaharienne.

Cela étant, selon la doctrine selon laquelle la valeur pratique est le seul critère de vérité, le pragmatisme, ni Sonatrach, le groupe pétrolier public ou du régime d’Alger, ni ses partenaires étrangers ne disposent de ces volumes additionnels pour soulager l’Europe. Les exportations algériennes de gaz naturel n’ont fait que baisser ces dix dernières années.

Elles sont passées de 40 milliards de mètres cubes en 2020 à 34,5 milliards en 2021, selon Sonatrach, dont le chiffre d’affaires n’a été préservé que par la remontée des cours au dernier trimestre de l’exercice passé. Plusieurs causes empêchent l’Algérie de maintenir son objectif d’exportation de 65 milliards de mètres cubes par an, niveau atteint en 2008. D’abord, l’explosion de la consommation domestique de gaz, en croissance de 7 % par an. Ensuite, le retard pris dans le développement des énergies renouvelables et enfin, l’investissement dans la recherche et l’exploration pour renouveler des réserves effondrées par la prévarication.

Et puis, il y a ce problème de conscience qui pèse lourd et taraude les esprits du régime d’Alger. Peut-on faire un gosse dans le dos à la Russie ? Remplacer au pied levé le gaz russe en Europe par du gaz algérien, n’est pas sans le risque manifeste de déplaire à un partenaire historique de l’Algérie, fournisseur principal de systèmes d’armement et allié diplomatique indéfectible à travers le soutien déclaré de Moscou à Alger face au mouvement de contestation populaire du Hirak.

Bizarrement également, l’Algérie qui se dit défenderesse des pays occupés ou agressés par d’autres puissances étrangères et engagée en faveur des causes des peuples observe un silence gêné pour ne pas dire assourdissant sur la guerre en Ukraine. Malheureusement c’est le moindre des tributs à payer quand on a vendu son âme et corps au diable et qui désigne sans aucun doute une autre des contradictions irrationnelles de la diplomatie algérienne.

Par ailleurs, si l’Algérie recèle les cinquièmes réserves mondiales de gaz de schiste, elle n’est pas prête à en lancer l’exploitation.

Peuchère ! les partenaires ne se bousculent pas au portillon, et les populations du Sahara y sont drôlement hostiles.

Couper le GME mais alimenter l’Europe

Dimanche, l’entreprise pétrolière et gazière algérienne, Sonatrach, s’est dite prête à fournir davantage de gaz à l’Europe, en cas de baisse des exportations russes avec la crise ukrainienne, en l’acheminant notamment via le gazoduc Transmed reliant l’Algérie à l’Italie.

Dans une déclaration au quotidien Liberté, le patron de la Sonatrach, Toufik Hakkar, a précisé que l’entreprise, qui est « un fournisseur fiable de gaz pour le marché européen, est disposée à soutenir ses partenaires de long terme en cas de situations difficiles ».

Le gazoduc Transmed, selon Hakkar, pourrait servir à « augmenter les approvisionnements du marché européen. Il peut transporter jusqu’à 32 milliards de mètres cubes par an, quatre fois plus que le gazoduc Medgaz qui alimente l’Espagne ».

Toutefois, a-t-il relevé, l’Algérie ne pourrait pas à elle seule « compenser la baisse d’approvisionnement en gaz russe », mis elle pourrait « fournir à l’UE deux ou trois milliards de mètres cubes de plus » au grand maximum.

Alternative au gaz russe, l’Algérie dans ses petits souliers Hespress Français.

Afficher plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page