
Ukraine-Guerre: Qu’est-ce que le système SWIFT dont la Russie pourrait être exclue?
Face au dernier train de sanctions européennes contre la Russie suite à la guerre déclenchée en Ukraine, plusieurs voix se sont élevées pour exclure la Russie du système Swift, un important réseau de communication bancaire mondial. Qu’est ce que ce système exactement, que signifie l’exclusion de la Russie et pourquoi certains pays sont-ils réticents à appliquer cette mesure?
Les Européens ont opté pour des sanctions purement économiques visant les dirigeants et les élites russes, notamment en gelant les avoirs des parlementaires de la Douma, le président russe, Vladimir Poutine ainsi que son ministre des Affaires Etrangères, Sergei Lavrov.
Ces sanctions semblent avoir de très maigres impacts pour la Russie, et ne devraient pas la dissuader de continuer l’offensive contre l’Ukraine. Parmi les autres sanctions décidées par l’UE figure l’interdiction d’exporter vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, et les technologies de raffinage pour l’industrie pétrolière.
Les banques de l’UE ne pourront pas accepter des dépôts de citoyens russes de plus de 100.000 euros et plusieurs entreprises étatiques russes se verront bloquer l’accès aux financements européens.
Néanmoins, les Européens ne sont pas tous d’accord pour aller plus loin. Une nouvelle étape dans les sanctions est bloquée par certains pays, il s’agit de l’exclusion de la Russie du système Swift.
Qu’est-ce que Swift?
Acronyme pour « Society for World Interbank Financial Telecommunication », il s’agit d’une société qui gère les communications entre les banques du monde entier. C’est l’un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière, et l’un de ses rôles principaux est de permettre les règlements interbancaires entre les établissements financiers dans le monde
Quelque 300 banques et institutions russes utilisent Swift pour leurs transferts de fonds interbancaires, grâce à sa rapidité et sa sécurité. Lors des transferts d’argent à l’international, même entre particuliers, le code « Swift » composé d’une série entre 8 et 11 chiffres est demandé.
Basée en Belgique, la société composée d’un conseil d’administration de 25 personnes, est dirigée depuis le 1er juillet 2019 par l’Espagnol Javier Pérez-Tasso. Le système est utilisé par plus de 11 000 institutions financières dans plus de 200 pays.
En cas d’exclusion de la Russie du système Swift, ce sont les institutions financières qui seront les premières à pâtir de cette mesure parce qu’elles seront incapables de transférer de l’argent à l’étranger, effectuer des paiements ou en recevoir.
Toutes les opérations bancaires se verront plus difficiles à réaliser et prendront plus de temps. Et les virements bancaires, même de particuliers ou d’entreprises seront impossibles pendant un certain temps.
Les pays réticents à l’exclusion de la Russie de Swift
Alors que le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a affirmé que son pays « appuie fortement » le retrait de la Russie du système bancaire Swift, comme la France également, comme l’a affirmé le ministre français des Finances Bruno Le Maire, d’autres sont plus réticents.
« Certains États membres (de l’Union européenne) ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces États », a déclaré le ministre au cours d’une conférence de presse dans le cadre d’une réunion rassemblant les ministres des Finances de l’UE à Bercy. « Il faut qu’il y ait un consensus européen » pour qu’elle puisse entrer en vigueur, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre italien Mario Draghi a promis au président ukrainien Volodymyr Zelensky son soutien aux sanctions de l’Union européenne, « y compris celles concernant Swift », a annoncé samedi le gouvernement italien dans un communiqué.
Mais d’autres Etats ont fait part de leurs réserves, et il s’agit de l’Allemagne en premier lieu, mais aussi de la Hongrie, Chypre et la Lettonie. Tous ont les mêmes inquiétudes, et elles sont liées au gaz russe, car ces pays sont très dépendants au gaz russe. L’Italie l’est également mais s’est positionnée en faveur de l’exclusion de la Russie de Swift.
L’idée d’exclure Moscou du système bancaire s’explique par des difficultés futures pour les transactions de gaz russe, en d’autres termes pour les payer d’un gouvernement à un autre. Berlin s’inquiète du risque de ne plus recevoir de livraisons de gaz, ainsi que d’autres matières premières de la Russie.
« J’ai dit que nous devions aussi envisager des instruments allant au-delà du dernier paquet de sanctions, incluant Swift », a tenté de nuancer le ministre des Finances Christian Lindner, à l’issue d’une réunion avec ses homologues européens.
« Si nous parvenons à cette exclusion, est-ce que cela sera alors l’élément déclencheur qui amènera la Russie à arrêter ses livraisons de gaz parce qu’elles ne pourront plus être payées ? », a-t-il demandé.
Samedi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé l’Allemagne et la Hongrie à avoir le « courage » à approuver l’exclusion de la Russie du système interbancaire.
« Quasiment tous les pays de l’UE sont déjà pour l’exclusion de la Russie du Swift », a-t-il dit dans une vidéo. « J’espère que l’Allemagne et la Hongrie trouveront le courage de soutenir cette décision ».
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