Santé : Seuls 40 médecins étrangers inscrits à l’Ordre depuis juillet 2021

Publiée le 26 juillet 2021 dans le Bulletin officiel, la loi n°33-21 modifiant et complétant la loi n°131-13 relative à l’exercice de la médecine vise à faciliter l’accès des médecins étrangers au Maroc, mais aussi des médecins marocains résidant à l’étranger. Cela dit, et depuis l’adoption de cette loi, seulement 40 médecins étrangers se sont inscrits à l’Ordre des médecins contre 600 médecins marocains ayant mis fin à la leur profession au Maroc. 

Sollicité par Hespress Fr à ce sujet, Dr. Abderrahim Chab du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), nous informe que seulement une quarantaine de médecins étrangers, de différentes nationalités, en particulier africaine et asiatique, se sont inscrits à l’ordre des médecins.

Si on compare le nombre de médecins étrangers qui se sont inscrits à l’ordre depuis juillet pour exercer au Maroc, et les Marocains qui quittent la profession, Dr. Chab nous indique que chaque année, entre 400 et 500 médecins quittent le Maroc vers l’étranger, en plus d’une centaine qui part à la retraite soit un total de 600 médecins.

« Ça fait beaucoup, surtout lorsqu’on compare avec le nombre de médecins étrangers qui s’inscrivent. Ce n’est pas comme ça qu’on va remédier à la pénurie en ressources humaines », dit-il, rappelant avoir toujours été contre cette stratégie d’ouvrir la porte aux médecins étrangers.

« J’ai d’ailleurs édité un livre qui s’appelle les bases de la réforme du système de santé au Maroc, sorti en juin 2021, que j’ai remis de main propre à Aziz Akhannouch, avant qu’il ne soit chef du gouvernement, pour dire qu’il y a une feuille de route, et que le système de santé souffre de beaucoup de problèmes », a-t-il ajouté.

Mais la réalité aujourd’hui est que les médecins marocains fuguent à l’étranger, « parce que le médecin au Maroc n’est pas considéré comme il se doit », relève ce membre du CNOM.

« Au Maroc, le médecin fait des études longues (bac+ 8), mais on le rémunère comme une personne ayant fait un master, sachant qu’il s’agit d’un doctorat d’État. Donc les médecins sont sous-payés et en plus on les envoie dans des endroits enclavés où il y a rien (pas d’infrastructures, pas de matériels ..), et on leur demande de travailler. Dans quelles conditions vont-ils le faire ? », s’interroge notre interlocuteur.

Tout en soulignant qu’au Maroc il n’y a pas de considération des ressources humaines, ce membre du CNOM fait une petite comparaison avec l’Europe, et plus particulièrement, l’Allemagne, qui rémunère les médecins à 6.000 euros ce qui pousse les Marocains à vouloir quitter le pays vers un autre qui valorise leur travail.

Le manque de moyens et de considération pousse les médecins à la fuite du pays

Au Maroc comme partout au monde, la pandémie a soulevé le phénomène de pénurie des médecins dans le pays, à l’image de plusieurs autres pays développés qui eux également ont souffert de ce manque en ressources humaines médicales. Cela dit, ces derniers ont fait appel à des médecins étrangers, mais avec des conditions beaucoup plus attirantes et attrayantes que le Maroc n’a pas, raison pour laquelle plusieurs médecins marocains ont quitté le pays ces dernières années.

Maintenant, la question qui se pose, est combien nous faut-il de médecins pour remédier à la pénurie. Selon Dr. Chab, il nous faut quelque 65.000 médecins pour répondre aux normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« Le Maroc est aujourd’hui à 6,5 médecins par 10.000 habitants alors que la norme de l’OMS est de 28/10.000 habitants, soit une différence énorme avec la réalité marocaine« , a-t-il commenté, notant que « faire une loi pour faire appel aux médecins étrangers ne résoudra pas le problème ».

Dans ce sens, Dr. Abderrahim Chab avait proposé de faire baisser les années d’études de médecine, à 5 ans, ce qui peut intéresser et attirer les jeunes Marocains puisque c’est faisable, selon lui.

« Au Maroc, il y a beaucoup de matières qui sont étudiées à la faculté de médecine et qui ne servent à rien du tout dans la pratique médicale. Et je suis heureux de savoir que le gouvernement a pris en compte notre recommandation, et préconisé la baisse des années d’études de 7 à 6 ans », dit-il.

Mais ça reste une demi solution, poursuit-il, « puisque l’autre moitié de la solution est de rémunérer convenablement le médecin, après l’achèvement de sa formation, et lui fournir les moyens nécessaires pour travailler (équipements, infrastructures, etc) »

Car, conclut-il, « on ne peut pas demander aux médecins de faire l’impossible face au manque de moyens« .

Santé : Seuls 40 médecins étrangers inscrits à l’Ordre depuis juillet 2021 Hespress Français.

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