
Tunisie: Le discours du président Kais Saied déçoit
Le discours du président tunisien, Kais Said, qui devait annoncer la prochaine étape de la réforme profonde de l’Etat et de la politique dans le pays, n’aura pas convaincu chez les Tunisiens qui espéraient des mesures courageuses. Le président tunisien s’est fait âprement critiqué.
Dans la presse tunisienne, le discours de Kais Saied a tout sauf été bien accueilli, « il s’est mis à dos tout le monde », peut-on lire dans les commentaires des journalistes. Après avoir tenu en haleine le pays depuis le gel du Parlement et avoir repris les rênes du pouvoir, le chef d’Etat tunisien était attendu pour annoncer la suite.
Parmi les attentes des tunisiens, se trouvaient des mesures courageuses, notamment la dissolution de l’ARP (le parlement tunisien, ndlr) sous l’emprise des islamistes d’Ennahda, la suspension de la Constitution que le président souhaite remodeler, ou de parti politique comme Al Karama (allié d’Ennahda).
Mais rien de tout cela n’a été annoncé à la grande déception des médias tunisiens et aussi du peuple qui l’avait soutenu contre ses détracteurs et contre la communauté internationale qui l’avait accusé de fragiliser la démocratie dans le pays. Pourtant, lundi soir, Kais Saied a présenté un programme qui se tient et qui respecte les procédures, et surtout qui ne s’inscrit pas dans une logique de précipitation.
En effet, le président tunisien a annoncé le poursuite du gel de l’ARP jusqu’à de nouvelles élections législatives qui redistribueront les cartes au sein de cet organe central de la politique dans le pays. Il propose une nouvelle loi électorale et des élections le 17 septembre 2022.
En outre, M. Saied a annoncé une réforme de la Constitution, et cette dernière sera soumise à référendum populaire prévu le 25 juillet. Mais avant cette réforme, il souhaite connaitre les attentes des Tunisiens et pour cela, il a prévu une consultation populaire via une plateforme électronique à partir de janvier jusqu’en mars, et la mise en place d’un comité d’experts pour formuler ces propositions jusqu’en juin.
Mais dans la presse tunisienne, toutes ces réformes de fond ambitieuses ont été mal interprétées. Elle y voit plutôt une envie d’accomplir un projet personnel chez le président, et vu d’un mauvais œil les critiques acerbes de ce dernier vis à vis de la communauté internationale, des partis politiques…
« Il a dit tout son mépris à la communauté internationale, et plus spécialement, les pays du G7, dont les ambassadeurs ont osé lui faire l’affront de lui dicter leurs conditions pour qu’ils daignent l’aider financièrement », a noté le site d’information Tunisie numérique.
« Il s’est attaqué à toutes les formations politiques de droite et de gauche », « il s’est lâché contre ceux qu’il accuse de l’avoir lâché », « il a choisi d’affronter tout le monde », lui reprochent-ils.
Et d’estimer que le peuple attendait plutôt des mesures économiques et sociales, des mesures pour sauver les secteurs de la santé, de l’éducation, ou simplement aider les Tunisien à manger à leur faim.
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